Derrière le ravissant Théâtre de la Compagnie du Café-Théâtre - un ancien couvent du XVIIème siècle au cœur de Nantes - il y a Mathilde Moreau. Une entrepreneure du théâtre, auteure, metteure en scène, passionnée d’humour et de comédie qui a créé son rêve dans ce jardin d’Eden. Ici, elle veut entendre des rires, qu’ils viennent d’un public conquis par les plus grandes têtes d’affiche de l’humour ou encore de ses élèves épanouis. Aujourd’hui ils sont plus de 300 à prendre régulièrement des cours avec les 11 professeurs de son école qu’elle a créé de toute pièce.
Qu’est-ce qui vous a amené à la création de la Compagnie du Café-Théâtre en 1998 ?
C’était un rêve de jeunesse. A l’époque, je prenais des cours de théâtre à Nantes et je ne m’y sentais pas toujours bien. C’est alors que j’ai eu l’idée d’ouvrir un cours de café-théâtre dans lequel les gens se sentiraient à l’aise.
En 1996, je monte un petit cours de théâtre, puis j’ai dû trouver un lieu pour exercer. J’ai été élevée dans une pension catholique tenue par des religieuses et mon entourage m’a conseillé de contacter des curés, je suis allée à l’évêché et c’est là qu’on m’a mise sur la piste de ce couvent. J’en suis tombée amoureuse. C’est un lieu magnifique, chargé d’histoire : un ancien couvent de Carmélites qui date de 1663.
Je décide d’y monter un café-théâtre toute seule. Au départ je n’ai ni scène, ni électricité, ni professeurs, ni administration. Petit à petit, j’ai fait des travaux suivant la mesure de mes moyens. J’ai rencontré mon mari, nous nous sommes associés et il m’a aidé à développer mon projet.
L’école a pris de l’importance, nous sommes passés de 15 élèves à 320 élèves aujourd’hui et 11 professeurs. Notre crédo c’est « L’humour, le café-théâtre, la comédie et l’écriture. » Beaucoup d’élèves travaillent des textes qu’ils écrivent eux-mêmes. Finalement, nous sommes à proprement parler « une école du rire ».
Anne Roumanoff est la marraine du lieu. Nous nous sommes rencontrées en 2000 à l'occasion d'une séance de dédicaces. J’aimais beaucoup ce qu’elle faisait. J’ai même le souvenir que lorsque j’étais en pension je demandais à ma mère d’enregistrer ses passages à la télévision. Nous sommes devenues amies et elle est aujourd’hui également la marraine de mon fils !
Progressivement, le lieu a attiré de plus en plus de grands humoristes. Les premiers à être venus sont Sellig et Antony Kavanagh qui ont adoré le théâtre.
Notre lieu compte deux salles de représentation, une grande de 110 places et une plus petite d’une cinquantaine de places.
Comment pensez-vous votre programmation entre têtes d’affiche, artistes émergents, artistes locaux ? Quelle place tient votre troupe ?
La spécificité de notre programmation est que nous recevons toutes les stars du rire en création. Par exemple, nous avons récemment découvertLaura Felpin en création à la Compagnie du Café Théâtre et maintenant son spectacle est complet à Paris... parfois je me dis que mon lieu porte bonheur !
J’ai également une programmation hors les murs. La compagnie est un lieu qui regroupe aussi bien les élèves, les têtes d’affiches que des créations en co-réalisation. Nous continuons de développer de nouveaux talents, cela nous tient à cœur.
Quels sont les humoristes préférés du public Nantais ?
Daniel Camus connaît un vrai succès à Nantes. Il y a également William Pilet, Kevin Robin mais aussi notre petite troupe « Les cousines » avec Morgane Delamare, Stephanie Meyre et Claire Droyer.
Ces comédiens et comédiennes viennent au théâtre depuis 20 ans pour certains et nous continuons de travailler ensemble.
Qu’apprécient particulièrement les spectateurs de La Compagnie du Café-Théâtre ?
Ils apprécient que ce lieu soit en plein centre-ville, près du château et de la cathédrale. C’est l’emplacement idéal pour passer une belle soirée à Nantes. Au printemps, le bar de la Compagnie du Café-Théâtre est ouvert et les artistes y donnent rendez-vous aux spectateurs pour des moments d’échange à l’issue des représentations.
C’est exactement l’esprit du café-théâtre que je voulais créer ici. Que les spectateurs aient la possibilité de grignoter une petite pizza bio (nous avons un four français dont je suis très fière) avec un verre de vin après leur spectacle tout en discutant de ce qu’ils ont vu dans un lieu au vert, au cœur de Nantes.
La Compagnie du Café-Théâtre développe une offre de cours de Café-Théâtre ainsi que de l’évènementiel, pourriez-vous nous en dire plus ?
Les cours de théâtre sont axés sur l’humour depuis toujours. Nos professeurs ont des profils différents : formateurs, coachs, comédiens ou encore metteurs rs en scène.
La spécificité de notre école est que nous pouvons proposer aux élèves de jouer devant un public une fois par mois ainsi qu’à l’occasion de rendez-vous annuels. Il y a un festival à Noël qui s’appelle « Thérap'Rire ».
Et le festival de fin d’année « Petites créations entre amis » de juin à début juillet. Ce festival existe depuis 15 ans : les élèves écrivent des saynètes à partir d’improvisations pour créer un spectacle complet. Ils choisissent un thème en début d’année puis se retrouvent pour écrire ensemble avec un vrai suivi des professeurs. Finalement, ce qui plait aux élèves c’est que nous créons de véritables petites troupes. Les cours s’adressent à tous les âges : les plus petits ont 5 ou 6 ans et notre doyen a 70 ans !
Vous-même, vous écrivez et vous êtes à la mise en scène de plusieurs spectacles : quelle place occupe la création dans vos activités ?
J’aimerais ne faire que créer ! Je suis un peu excessive et parfois la création peut prendre la majorité de mon temps. J’aime travailler dans l’urgence. J’ai commencé à écrire la pièce « Les cousines » avant le Covid, je l’ai abandonnée puis j’y suis revenue début septembre pour l’écrire jour et nuit pendant 2 mois.
C’est l’histoire de trois cousines qui se retrouvent dans l’antichambre de leur grand-mère, une heure avant le mariage de l’une d’entre elles. Des rancœurs vont ressurgir, des souvenirs et des confessions qui risquent de mettre en danger le mariage à venir.
C’est une comédie sur l’engagement, légèrement féministe. Je voulais aussi parler de la condition des femmes en faisant un parallèle entre le mariage imposé de la grand-mère et celui de la cousine, issu de son propre choix. Nous la jouerons cette année en mars et en juillet.
Vous écrivez aussi des Spectacles pour enfants...
J’ai commencé à écrire pour la jeunesse au moment de la mort de mon grand-père avec le spectacle : « Le jardin de mon papi ». Puis, j’ai écrit la suite : « Mystère à la ferme » avec les deux mêmes personnages. Ma troisième pièce s’appelle : « Gourmandine et le professeur Harry Bus » : c’est l’histoire d’un professeur qui fabrique des bonbons à l’aide d’une machine.
Enfin, je suis en train de travailler sur une nouvelle pièce : « Le cadeau magique » que je n’ai pas montée cette année car je n’étais pas sûre d’avoir la possibilité d’ouvrir le théâtre à Noël.
Pourriez-vous nous dire quelques mots sur votre programmation à venir ?
Il y a d’abord « Les cousines » qui compte beaucoup pour moi car j’y ai investi beaucoup d’énergie. Puis, le spectacle d’un artiste coach : Ludovic Savariello, qui n’est pas un one man show mais ce qu’on pourrait appeler un « psy-show ». Cet artiste est spécialisé dans le fonctionnement du cerveau et notamment sur la recherche du bonheur à travers la méditation. Il tente de plonger le public dans une forme de transe hypnotique, c’est un processus très intéressant. Il viendra jouer début Avril.
Quelle est selon vous la principale qualité d’un(e) humoriste ?
Il me semble qu’il faut d’abord être curieux, humble, avoir de l’extravagance, de la fantaisie et surtout… être très courageux !
Le mot de la fin que vous voudriez adresser à votre public ?
On vous aime ! Vous faites partie des murs de la compagnie. Entendre sonner vos rires dans la cour du café-théâtre est le plus beau cadeau qu’on puisse nous faire. Choisissez bien le spectacle qui vous correspond, revenez nous voir et parlez du spectacle vivant autour de vous !
Merci Mathilde????