Même si l’animateur vedette passé des plateaux de télé aux planches des théâtres est encore sporadiquement présent sur le petit écran, les choses sont claires pour lui : c’est sur scène, au contact du public, qu’il s’épanouit enfin. Rencontre avec un homme heureux.
D’ailleurs, ma première émission, L’émission impossible, c’était une forme de stand up avant l’heure. Très proche de ce que j’aurais voulu faire sur scène. Il se trouve que le succès très rapide de ces émissions m’a tenu éloigné de la scène. A 25 ans, j’étais le plus jeune animateur de prime-time en France. Et pendant 15 ans, entre les émissions que j’ai animées et produites, et la direction d’Endemol France, j’ai été totalement aspiré par la télévision. C’était très agréable, parce qu’avec le succès viennent la réussite financière, la reconnaissance d’une profession, la notoriété. Mais petit à petit, je m’éloignais de ce que j’ai toujours vraiment voulu faire. Pourtant, je me suis toujours juré que, avant mes 40 ans je serais sur scène. Je n’ai jamais cessé de le répéter à mes amis et à mes collaborateurs, même à TF1, ils étaient au courant, on avait même trouvé un arrangement avec la chaîne pour que je ralentisse le rythme de mes émissions. Voilà, comme je le voulais, j’ai fêté mes 40 ans sur scène !
Vous n’avez pas disparu pour autant des écrans de télévision. Vous avez même repris du service depuis cet automne sur Comédie! une fois par semaine…
C’est vrai, mais cette année, je n’ai fait que cinq émissions sur TF1. Sur Comédie!, c’est autre chose: ça n’a rien à voir en terme d’exposition. Il faudrait que je fasse la même émission pendant cinq ans pour avoir la même audience qu’une soirée sur TF1 !... Sur une chaîne comme ça, on a une liberté beaucoup plus grande. Et ce que je fais tous les lundis sur Comédie! est finalement très proche de ce que je fais dans mes spectacles. Il m’arrive d’ouvrir l’émission par 15 minutes de stand up. Je suis sur scène et je suis accompagné par sept jeunes comiques très talentueux. C’est une chance folle ! Et puis, en faisant cette émission, je n’ai pas l’impression de jouer les animateurs. Je crois que je suis dans la même quête que lorsque je monte sur scène: je suis dans un registre plus artistique, je prolonge mon travail d’humoriste. On pourra me reprocher tout ce qu’on veut mais ce genre de truc, je ne le fais pas pour la gloire ou pour l’argent. Quand je monte sur scène ou que je fais cette émission, je le fais par pure passion, par pur plaisir.
La célébrité et la réussite ne sont plus des enjeux pour vous, cette quête dont vous parlez est donc plus personnelle…
Oui. Pour la première fois, je fais les choses pour moi ! Et en les faisant pour moi, j’essaie de faire plaisir aux autres. On a passé un accord avec Gilbert Coullier, le producteur de mes spectacles: il est marqué dans mon contrat que je ne fais pas les grosses salles. Evidemment on ne gagne pas de sous, mais tant pis, j’ai l’immense joie de pouvoir jouer dans des cabarets de 100 places. Cette année, je vais passer au total huit semaines dans un petit cabaret belge à Charleroi à faire deux ou trois représentations chaque soir. J’adore ça ! Mon rêve serait de trouver des endroits où je pourrais jouer dans des restaurants ou des bars. Je crois que si j’ai été si bien accueilli par mes pairs, c'est-à-dire les autres humoristes, c’est aussi parce que je suis passé par les mêmes petits endroits que ceux qu’ils ont connus au début de leur carrière. Des lieux où je vois les vieilles affiches de Gad Elmaleh ou de Florence Foresti d’il y a quinze ans. C’était très important pour moi de ne pas donner l’impression d’arriver dans ce monde en majesté. Il était hors de question de commencer par des Zéniths immenses. Pour deux raisons: d’abord parce que je ne les remplirais pas ! Et ensuite parce que je ne suis pas sûr que j’y prendrais du plaisir. Sur scène, je ne cherche pas l’audience à tout prix, ça, la télé me la donne, mais un vrai contact avec le public. Au Théâtre de la Gaîté-Montparnasse, c’était magique pour ça. La salle est très peu profonde, on est collé aux gens. C’est là-bas que j’ai pu, pour la première fois, introduire de l’interactivité avec les spectateurs.
Une aventure comme celle-ci demande beaucoup de temps et d’énergie. Comment est-ce que vous concilieriez ça avec toutes vos autres activités ?
Vous savez, six émissions par an pour TF1, comme on les tourne par deux, ça prend en fait trois jours. Pour l’émission sur Comédie!, pareil, je tourne un lundi sur deux. Et le lundi soir, on ne joue pas dans les théâtres. En fait, depuis quelques années, tout mon emploi du temps s’organise autour de la scène. Je fais tout, jusqu’à mes vacances, en fonction de mes dates de tournées et de représentations. De toute façon, la question ne se pose même pas: s’il fallait que j’arrête tout pour me consacrer à la scène, j’arrêterais tout ! Entre mes spectacles et Le Dîner de cons, en cinq ans j’ai dû jouer pas loin de 500 fois. Ça laisse peu de place au reste !