ELENA : J’ai envie de me mettre au piano... J’aimerais à jouer quelque chose à présent.
SONIA : Joue.
ELENA : Tout de suite... Ton père ne dort pas ? Quand il est malade, la musique l’irrite. Va lui demander si cela ne le dérange pas, je jouerai. Va.
SONIA : À l’instant !
Silence.
SONIA, revenant : On ne peut pas jouer.
Après avoir été repéré au Festival d’Avignon où il a été récompensé par un « Coup de Cœur » du Club de la Presse Grand Avignon-Vaucluse, ce spectacle est actuellement joué les jeudis et dimanches au Théâtre Essaïon.
L’aventure continue donc pour les cinq acteurs de la Compagnie Théâtrale Francophone ! Car ils sont bien cinq sur scène et non pas neuf comme dans le texte original de Tchekhov.
Cette réduction du nombre de personnages a permis à Philippe Nicaud, le metteur en scène, de se concentrer sur les rôles principaux de la pièce pour livrer une version brute et puissante d’ « Oncle Vania ».
« Les 4 personnages secondaires que j’ai supprimés sont souvent là pour tempérer la violence des émotions et accentuer l’effet de temps qui passe. » Philippe Nicaud.
Dans ce drame familial, on ne dort plus, on ne travaille plus, on mange à des heures impossibles. L’ambiance est devenue oppressante au domaine, depuis que le « Herr Professeur » et son épouse s’y sont installés. Les tensions entre les personnages vont s’exacerber au fur et à mesure que monte la chaleur infernale d’une journée d’été qui va tourner à l’orage.
L’émotion est au rendez-vous tout au long de la pièce et c’est de véritables larmes que nous verrons sortir des yeux de Sonia, la nièce de Vania, lorsqu’ils prononceront ensemble à fin de la pièce la mythique tirade « Nous nous reposerons… Nous nous reposerons ! ».
« Dès les premières répliques, on sent qu’on va voir du grand, du très grand théâtre. On est immédiatement emporté, embarqué dans cet univers» Reg’arts, Nicole Bourbon.
La configuration particulière de la salle du Théâtre Essaïon, une salle voutée en sous-sol, est particulièrement bien utilisée dans ce huis-clos familial à l’atmosphère étouffante. Le public se sent véritablement présent dans la maison de famille, on y sent même l’odeur du café en train d’être fait.
Les acteurs restent tous sur scène du début à la fin de la pièce, un choix du metteur en scène pour accentuer encore la tension entre les personnages, qui semblent au bord de la folie dans cette espace aussi confiné que leurs existences.
Rien n’arrive de l’extérieur dans cette mise en scène. Ni la musique, qui est jouée par les personnages eux-mêmes ni l’éclairage, qui provient majoritairement de vraies lampes actionnées par les acteurs. Il n’y a pas d’échappatoire à ce monde aussi passionné que désespéré, si ce ne sont les quelques traits d’humour de ces personnages conscients de l’absurdité de leur situation.
« Ce « Vania », à ne manquer que si l’on accepte de manquer sa vie, ses amours, le rendez-vous avec soi-même. Quel spectacle ! Quelle force ! Quelle qualité ! Saisissant. Beau. Inévitable. »
Froggy’s delight, Christian Morel de Sarkus.
Une pièce à ne pas rater, jouée les jeudis et dimanches jusqu’au 19/03 au Théâtre Essaïon. Réservez-vite !
Mise en scène : Philippe NICAUD
Distribution : Marie HASSE, Céline SPANG, Fabrice MERLO, Philippe NICAUD, Bernard STARCK
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