Nous sommes près New-York en 1942, dans une belle villa en bord de mer louée par Antoine de Saint-Exupéry et sa femme Consuelo. Plongés dans l’intimité de ce grand écrivain, nous partageons ses questionnements et ses élans dans le quotidien mouvementé, entre la gestion de ses relations amoureuses compliquées, l’écriture du « Petit Prince » qui lui donne du fil à retordre et le contexte international qui l’amène à une profonde remise en question.
« Les craquements du monde moderne nous ont engagés dans les ténèbres. Les problèmes sont incohérents, les solutions contradictoires, la vérité d’hier est morte, celle de demain est encore à bâtir. » Antoine de Saint-Exupéry
Ainsi « Saint-Ex à New-York » nous invite au Théâtre du Petit Montparnasse pour faire plus ample connaissance avec le célèbre écrivain qu’est Antoine de Saint-Exupéry dit « Saint-Ex ».
Refusant d’apprendre l’anglais de peur d’oublier le français, Saint-Ex vit en vase clos entre sa femme, la fougueuse Consuelo qui, jalouse de ses infidélités, le trompe en retour, l’amant de sa femme, le philosophe Denis Rougement avec qui il s’entend à merveille et sa propre maîtresse, une douce journaliste américaine répondant au nom de Sylvia Hamilton.
Personne ne s’écoute réellement dans ce quatuor. Consuelo crie son désespoir mais n’obtient pas gain de cause, Denis tente de converser mais on lui coupe la parole constamment et Sylvia Hamilton ne parle qu’anglais et ne peut donc pas réellement parler avec Saint-Ex. Et si l’un des protagonistes confronte vraiment Saint-Ex, celui-ci sort son arme fatale pour s’échapper : son jeu d’échec.
En revanche tout le monde s’entend sur une chose : Saint-Ex ne doit pas repartir combattre en Europe où l’état d’agitation dans lequel il est risque de lui être fatal aux manettes de son avion.
Au milieu de toute ce chaos, notre héro est en pleine écriture de son conte philosophique pour enfant « Le Petit Prince » et son entourage met la main à la pâte, en étant tour à tour modèle ou porte-voix. Au travers de leurs relations nous découvrons la genèse de l’œuvre et la pièce nous en offre une nouvelle lecture.
Consuelo est la rose, fière et arrogante, mais qui au fond n’a qu’un seul désir : être aimée. Les extraits que Saint-Ex et sa femme lisent ensemble à haute voix sont une revisite de leur relation tumultueuse.
Denis de Rougemont est le Renard, dont le Petit Prince tente de se faire un ami.
Saint-Ex est l’aviateur, il resterait pour Sylvia Hamilton le premier rôle, celui du Petit Prince et c’est en effet à elle, au grand dam de sa femme, qu’il va dédicacer l’œuvre…
C’est une pièce incisive que nous livre Jean-Claude Idée qui en parle en ce mots :
« Si j’ai écrit cette pièce, c’est que je suis convaincu que toutes les préoccupations de Saint-Ex, en 42, sont le miroir de nos angoisses d’aujourd’hui. La boîte à outils du Petit Prince contient les clés de notre avenir, ou tout du moins les questions que nous avons à nous poser pour le rendre possible ; à commencer par l’affirmation indispensable pour désamorcer les conflits : Si je diffère de toi mon frère, loin de te léser, je t’augmente. »
Dans un décor sans cesse renouvelé par les projections d’images illustrant les différents lieux de l’intrigue, Gaël Giraudeau, Adrien Melin, Alexandra Ansidei et Roxanne Bennett donnent vie à leurs personnages qu’ils incarnent avec force.
Dès les premières minutes de la pièce nous sommes totalement saisis par ce voyage dans le temps qui traite pourtant de sujets encore si actuels.
Amoureux du Théâtre, aucune hésitation, venez décoller avec Saint-Ex au Théâtre du Petit Montparnasse !
après ça va mieux et même bien mieux lorsqu'on rentre "dans le dur"