“En publiant cette pièce, j’ai cédé à une tentation : celle de faire ce que la plupart des auteurs ne feraient pas. Sortir de sa tranquillité pour appeler sur soi le taureau, du pied, du cri et de la cape, c’est une tentation qui revient périodiquement dans ma vie.”
Henry de Montherlant
En 1965, Henry de Montherlant créait la pièce “La Guerre Civile” au théâtre de l’Œuvre. Presque cinquante ans après, son œuvre de 1949 “Demain il fera jour” est remise en scène dans ce même théâtre par Michel Fau. A l’époque, on parlait d’interdire la pièce. Entendre parler de collaboration et d’épuration seulement quelques années après la fin de la guerre était dérangeant.
L’histoire : en juin 1944 à Paris, Georges Carrion retrouve sa femme Marie et son fils Gillou. Ce dernier souhaite s’engager dans la résistance mais ses parents s’y opposent. Jusqu’au jour où le père, qui est avocat et qui a plaidé pour un allemand durant la guerre, reçoit des lettres de menaces. La libération approchant, il craint d’avoir des ennuis. Avoir un fils dans la résistance peut être un salut pour ce père à l’attitude méprisable. Il donne alors l’autorisation à son fils de s’engager : ainsi un père fait tuer indirectement son fils pour échapper à l’épuration qui le menace. Montherlant nous parle de l’ambigüité et de l’inconscience humaine sous l’occupation mais également du manque d’amour entre cet homme odieux et sa femme délaissée.
“J’ai toujours arrêté mes pièces à temps. Je veux dire avant l’acte final, celui que je n’ai pas osé écrire. Une fois seulement, j’ai écrit cet acte final. Demain il fera jour est l’acte final de “Fils de Personne” Henry de Montherlant
Sur les planches, on retrouve Michel Fau, Loïc Mobihan, Roman Girelli et Léa Drucker. Comme le souligne Michel Fau, à la mise en scène, “Léa Drucker possède la dérision et la folie pour incarner cette tragédie de la peur et affirmer que Montherlant est un auteur vivant !”
Cette pièce aux dialogues incisifs mêlant humour et tragédie est parfaitement réadaptée par Michel Fau qui joue également le rôle de ce père, aux répliques acerbes, que l’on adore détester. Les rires fréquents du public durant cette première et les longues minutes d’applaudissements attestent de la réussite de cette réadaptation. A découvrir au théâtre de l’œuvre du mardi au samedi à 21h00 et le dimanche à 16h00.
Auteur : Henry de Montherlant
Metteur en scène : Michel Fau,
Distribution : Léa Drucker, Michel Fau, Loïc Mobihan, Roman Girelli