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Entretien avec Xavier Viton, directeur des Théâtres Trianon et Molière à Bordeaux

Interview

D’abord militaire, soliste lyrique, acteur, puis metteur en scène, Xavier Viton fonde la compagnie de théâtre chanté « Prima Voce » en 1992. Puis en 2006, avec le scénographe Nicolas Delas, il créé le Café-Théâtre des Beaux-Arts à Bordeaux. Il prend ensuite successivement les rênes du Théâtre Victoire, du Théâtre Trianon, et enfin du Théâtre Molière où il ouvre un restaurant qu’il confie au Chef Thierry Wilcox. Retour sur le parcours de cet insatiable entrepreneur du théâtre.

Pourriez-vous nous raconter votre parcours ?

Mon parcours est un peu particulier puisqu’au départ, j’ai commencé ma carrière professionnelle dans l’armée pour financer mes cours de ... chant. J’ai ensuite décidé de sauter le pas et je suis devenu artiste lyrique pendant une quinzaine d’années. J’ai créé ma propre compagnie : « Prima Voce » en parallèle de ma carrière de soliste.

Intérieur du Théâtre Trianon – Bordeaux

 

Nous faisions des spectacles de théâtre chanté. C’est à ce moment que j’ai eu l’envie de glisser vers la mise en scène qui à mon sens offrait des possibilités de création plus importantes que l’interprétation. Puis, j’ai voulu acquérir un lieu pour montrer mes propres créations, ayant ainsi le public pour décisionnaire de la qualité de mes spectacles.

 

Comment devient-on gestionnaire de 1, 2, 3… puis 4 théâtres ?

Ma rencontre artistique avec Nicolas Delas, scénographe et décorateur a été clé. Nous avons décidé d’ouvrir notre premier lieu, le Café-Théâtre des Beaux-Arts à Bordeaux, doté de 90 places.

 

L’offre des théâtres privés en province s’est développée dans les années 2000 car il y a eu un retour des spectateurs vers un théâtre de divertissement. De nouveaux lieux de spectacles sont venus compléter l’offre théâtrale alors essentiellement axée sur le théâtre contemporain ou classique, avec des écritures moins accessibles au plus grand nombre. Nous avons essayé de redonner au théâtre son accessibilité pour autant nous priver de créer des spectacles pointus et audacieux. Le Café-Théâtre des Beaux-Arts a été imaginé avec un espace de restauration disponible avant et après les spectacles afin de poursuivre cette logique d’ouverture.

 

Forts de ce premier succès, nous voulions exploiter un espace plus grand pouvant accueillir des créations de plus grande envergure. C’est à cette occasion que j’ai entendu parler d’un lieu de fête place de la Victoire, où nous avons créé le Théâtre Victoire, avec une programmation 100% dédié aux « tubes » de la comédie. Si nous voulions prendre des risques en proposant des spectacles de jeunes auteurs au café-théâtre des Beaux-Arts, il nous fallait par ailleurs une économie solide, basée sur des spectacles pour le plus grand nombre.

 

Nous avons été les premiers à développer en province le principe de la double séance, avec une pièce à 20h et l’autre à 21h30 les jeudis, vendredis et samedis. Notre rentabilité a été exponentielle.

 Intérieur du Théâtre Victoire – Bordeaux

 

En 2012, Jean-Pierre Gilles, le propriétaire foncier du Théâtre Trianon m’a proposé d’en prendre la direction. J’ai craqué en le visitant ! C’est un ancien théâtre magnifique, le plus vieux de Bordeaux

 

Quand j'y suis rentré , un ensemble d’odeurs m’a sauté à la gorge. Avec son velours rouge, ses tentures, le décor en bois… L’occasion était unique ! Jean-Pierre Gilles et moi avons noué une relation de confiance et fait de nombreux aménagements pour remettre sur pied ce théâtre à l’ancienne, délicieusement désuet, que les spectateurs aiment retrouver dans le quartier du triangle d’or.

 

Théâtre des Beaux-Arts, le Théâtre Victoire et le Théâtre Trianon : trois théâtres à diriger n’est pas une mince affaire et j’ai finalement cédé le Café-Théâtre des Beaux-Arts à Loic Rojouan.

 

En 2019, Jean-Pierre Gilles, le propriétaire du Théâtre Molière  alors exploité par le conseil régional d’Aquitaine, m’en propose la gestion et j’accepte. Ce théâtre de 160 places m’a semblé techniquement à la pointe, ouvrant de nouvelles potentialités d’exploitation. Il y avait en outre assez d’espace pour aménager un lieu de restauration avec une vraie cuisine. C’est ce qui m’a beaucoup attiré ! Pendant le confinement nous avons pu y mettre en place un restaurant et confié le bistrot au chef Thierry Wilcox. Grâce aux possibilités techniques du théâtre, nous pouvons programmer 3 ou 4 spectacles différents dans la même semaine !

Intérieur du Théâtre Molière– Bordeaux

 

Je vais maintenant me consacrer aux Théâtres Molière et Trianon. Le théâtre Victoire a été repris en décembre 2021 par Amandine Pommier qui en assure la direction.

 

Racontez vos théâtres par leurs différences - Quelles sont les identités respectives des Théâtres Molière et Trianon ?

La ligne artistique du Trianon est sur du théâtre de Boulevard. C’est à dire un répertoire de comédie, chargé de décors, de costumes avec des comédiens de très haut niveau et parfois même des vedettes.

 

En ce moment par exemple, nous accueillons Pierre Douglas accompagné de locaux bordelais dans  Des chiffons et des lettres. Cela permet aux vedettes parisiennes et aux talents bordelais de se côtoyer.

 

Le Théâtre Molière est un lieu de comédies proches de celles que nous programmions au Victoire. Mais nous y accueillons des spectacles plus compliqués à mettre en œuvre. Nous avons maintenant la capacité de faire des changements de décors très rapides. Je dirais donc que l’on y propose de la « comédie audacieuse » ! Par exemple, dans ma nouvelle prochaine « Chacun mon tour », il aura un pont sur scène qui tourne et qui roule au-dessus d’une rivière. Peu de théâtres permettent une telle prouesse technique.

 

Voudriez-vous développer votre programmation pour le jeune public ?

Pour la première fois, en 2021nous avons nous avons créé nous-même un spectacle jeune public : « Les petits secrets de Mammy Poppins ». C’est une découverte, et cela nous apporte beaucoup de jeunes spectateurs et de parents qui reviennent ensuite au théâtre pour leur propre plaisir. Ce genre de théâtre est très exigeant, les enfants ne font pas de cadeaux : s’ils s’ennuient, ils le montrent tout de suite !

 

Le spectacle doit être très bon, tonique et faire rêver. Je crois que nous avons réussi ce pari. Dans notre spectacle, il y a des couleurs, des chansons, de la magie, des projections vidéos. Les enfants sont complètement happés.

 

Vous êtes issu d’une formation d’art lyrique. Comment pensez-vous l’intégration de la musique dans vos créations ou vos programmations ?

J’essaye le plus souvent possible d’intégrer la musique dans mes spectacles. J’ai fait beaucoup de spectacles avec du chant, il y a eu « Les femmes et le Ténor d’abord » ou encore « Un mari à la porte », que j’ai créés, écrits, ou adaptés pour en faire des comédies contemporaines.

 

Cependant, le genre « comédie musicale » ne plait pas forcément au plus grand nombre. Il faut parvenir à le démocratiser. J’aime faire une ou deux incursions dans la programmation avec du théâtre musical ou chanté que nous soignons particulièrement afin que cela plaise autant que possible.

 

Quels vont être les grands rendez-vous de 2022 ?

Il y aura pour moi un grand rendez-vous au Théâtre Molière avec la nouvelle pièce dont je suis l’auteur : « Chacun mon tour ! ».

 

C’est une pièce un peu audacieuse car pour la première fois, je n’ai pas songé à l’accueil qui pourrait être fait à la pièce, pour me concentrer exclusivement sur ce que j’avais envie de dire.

J’aime la comédie, et c’en est une, pourtant je traite des sujets importants pour moi : la misère, la différence ou encore le suicide… C’est l’histoire d’un personnage au bout du rouleau, qui veut se jeter dans la Seine et rencontre une SDF qui va lui redonner goût à la vie. Je voulais faire se rencontrer des gens qui dans notre société discutent peu ensemble.

 

Actuellement au Théâtre Trianon, il y a « Des chiffons et des lettres », un spectacle qui ne se déroule dans les années 50. Il s’agit de la rencontre d’un monsieur très intellectuel avec une gouailleuse qui semble ne pas l’être – Le propos de ce spectacle est justement de ne pas se fier aux apparences… C’est un très beau spectacle, qui me tient à cœur, avec des costumes très soignés et Pierre Douglas, un grand comédien.

 

 

Le mot de la fin : que souhaitez-vous dire aux spectateurs ?

Allez au théâtre, allez au cinéma ! Nous sommes ouverts et nous vous accueillons en sécurité. L’institut Pasteur vient de sortir un rapport qui prouve que les gens qui viennent dans des salles comme les nôtres n’ont pas plus de chance d’attraper le covid qu’en restant chez eux. N’ayez pas peur, nous sommes là pour vous accueillir.

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