Gérard Jugnot et Isabelle Mergault sont à l'affiche dans la pièce "La Raison d'Aymé" qui reprend à partir du 27 septembre au Théâtre des Nouveautés et en tournée dans toute la France à partir de janvier 2019.
1. Vous souvenez-vous de votre première rencontre avec Isabelle / Gérard ?
Isabelle Mergault : C’était lors de l’émission “Les Grosses Têtes” et à l’époque Olivier de Kersauson avait prit Gérard comme tête de turc. Gérard a découvert que j’écrivais et il m’a par la suite proposé d’écrire pour lui. Notre première collaboration a été pour le film “Meilleur Espoir Féminin” avec Bérénice Béjot, qui a d’ailleurs été nommée pour le César du Meilleur espoir féminin pour ce film.
Gérard Jugnot : Je ne me souviens plus exactement. Nous avions tourné ensemble dans le film “Pour cent briques t’as plus rien”, elle jouait à l’époque la jeune demoiselle à forte poitrine. Une vision plutôt machiste de la femme ! Puis nous nous sommes retrouvés aux Grosses Têtes. J’ai vu un film qu’elle avait écrit : “La lettre perdue” de Jean-Louis Bertuccelli. Je lui ai demandé par la suite d’écrire “Meilleur espoir féminin”. Il y a chez Isabelle une dichotomie énorme entre l’actrice comique chuintante et sa vraie personnalité d’auteur. Il y a chez elle une véritable drôlerie couplée à un grand amour pour le Boulevard. Elle crée un mélange tragi-comique que j’adore.
2. Dans la vie Isabelle / Gérard est selon vous plutôt Coeur ou Raison ?
Isabelle Mergault : Gérard est quelqu’un qui sait équilibrer coeur et raison mais son caractère penche quand même vers le coeur. Il est très amoureux de sa femme, qu’il se dépêche de rejoindre chaque soir après la représentation. C’est quelqu’un qui marche à l’affectif.
Gérard Jugnot : “Isabelle est un coeur déraisonnable !”. Elle est double. Elle affiche une volonté d’être drôle et libérée mais dans le fond c’est un coeur tendre.
3. Quels sont vos rituels avant l’entrée en scène ?
Isabelle Mergault : Gérard dit toujours la même phrase : “Soyez bons, il y a des gens très importants dans la salle !”. Puis nous nous retrouvons tous, les quatre acteurs de la pièce, derrière le rideau et nous écoutons la salle, en essayant de deviner à quel type de public nous allons avons affaire ce soir là.
Gérard Jugnot : Je dis chaque soir “Attention il y a des gens très importants dans la salle” et je cite des personnes improbables comme Chirac ou Mitterrand.
4. Quels points communs voyez-vous entre Isabelle / Gérard et son personnage ?
Isabelle Mergault : Comme son personnage, Gérard donne parfois l’impression d’être quelqu’un d’un peu naïf, mais l’un comme l’autre ne sont pas dupes, loin de là ! Aymé dans la pièce sait que c’est en grande partie son argent et sa réussite qui attirent les femmes. Il fait preuve de recul et de simplicité à la fois, en acceptant la situation telle qu’elle est.
Gérard Jugnot : Isabelle a ce côté “grande gueule” que possède également son personnage, mais derrière il y a une petite gueule d’amour. Elle joue le rôle de la raison et donne des leçons mais dans le fond la raison qu’elle incarne est très jalouse du coeur que représente d’une certaine façon le personnage d’Anne-Sophie, la femme d’Aymé.
5. Sur scène, quelle est la principale qualité et le principal défaut d’Isabelle / Gérard ?
Isabelle Mergault : Sa principale qualité est son talent, c’est un vrai acteur qui mouille sa chemise sur scène ! Il peut en revanche quand il est fatigué tenter d’inventer de nouvelles choses dans son jeu pour se réveiller et du coup il se fait rire lui-même sur scène.
Gérard Jugnot : Isabelle est une super partenaire. C’est une très bonne actrice qui respecte énormément les autres comédiens. En revanche elle postillonne énormément. Attention si vous êtes au premier rang...
6. Isabelle / Gérard vous teste-t-il/elle parfois pendant la représentation ?
Isabelle Mergault : Non, il n’y a pas d’improvisation sur scène car ce n’est pas notre truc. De temps en temps bien-sûr nous sortons un peu du cadre mais seulement sur quelques mots. Nous sommes très réguliers dans notre jeu.
Gérard Jugnot : Parfois Isabelle me fusille du regard si j’ai fait quelque chose qui ne lui plait pas, comme m’essuyer d’un postillon reçu. Mais c’est de la connivence entre nous, il n’y a pas de déstabilisation voulue.
7. Si vous pouviez échanger vos rôles, le feriez-vous ?
Isabelle Mergault : J’adorerais faire son rôle ! Comme ça j’aurai comme partenaire un jeune homme beau et sexy, le rêve. Si c’est possible j’échange tout de suite.
Gérard Jugnot : Non ! Le rôle que m’a écrit Isabelle est formidable. Le registre comique passe du Boulevard au fantastique en passant par du “Poiret”. J’ai rarement joué une pièce où le public rit autant, ce n’est que du bonheur.
8. L’histoire est féroce et pourtant le public rit de bon coeur, quelle est la principale raison selon vous ?
Isabelle Mergault : Je ne trouve pas que l’histoire soit féroce. Elle est dure certes, mais c’est avant tout une histoire d’amour. Une comédie n’est bonne que si la base de l’histoire n’est pas comique. Gérard assume son personnage et accepte de faire rire, il se laisse guider par la pièce et le public le sent.
Gérard Jugnot : Le public sait que la pièce va bien se terminer. Il y a beaucoup d’empathie pour mon personnage. Comme pour toute comédie il faut partir du drame pour que le ressort comique fasse son effet. Il n’y a pas de comédie sans drame. En fait souvent la comédie consiste à regarder un gars sur scène qui s’en prend plein la tête et se dire “Ouf ! Ce n'est pas moi !”.
9. Selon vous pourquoi le coeur n’est pas incarné sur scène ?
Gérard Jugnot : Il faut demander à l’auteur !
Isabelle Mergault : La première version de la pièce incluait le personnage du coeur mais entre coeur et raison, chacun avait tant de choses à dire qu’il ne restait plus de place pour les autres personnages. Et puis dans le fond le coeur c’est un peu le personnage de Chloé, qu'interprète Anne-Sophie Germanaz.
10. Jusqu’à présent sur la pièce quel est le meilleur souvenir que vous ayez avec Isabelle / Gérard ?
Isabelle Mergault : Il n’y en a pas qu’un, loin de là ! Je crois que nos meilleurs souvenirs sont les crises de rire avec le public. Gérard se mord l'intérieur des joues pour ne pas céder au fou rire, c’est jubilatoire de le voir !
Gérard Jugnot : Les meilleurs souvenirs sont les rires de la salle. Il y a dans la pièce une scène de conversation téléphonique extraordinaire, pour laquelle je remercie Isabelle, et certain soirs c’est du délire dans la salle ! Le public nous porte et il y a de vrais moment d’envolée. C’est ça qui est irremplaçable dans le théâtre ! La tournée que nous allons entamer dès janvier prochain et notre retour sur la scène du Théâtre des Nouveautés le 27 septembre prochain nous promettent encore de très bons moments.
Un grand merci à Isabelle Mergault et Gérard Jugnot qui se sont prêtés à ce jeu de questions réponses !
Photos : Iannis Pledel / Woopics