Actuellement à l’affiche de la réjouissante comédie romantique « La Dégustation » au Théâtre de la Renaissance, Isabelle Carré et Bernard Campan se sont prêtés avec beaucoup de gentillesse à l’exercice de l’interview croisée : chacun répond à 10 questions sur lui et sur son partenaire sans connaitre les réponses de l’autre !
1. Vous connaissiez-vous avant de jouer ensemble dans « la Dégustation » ?
BERNARD : Nous nous sommes rencontrés il y a 17 ans lors du tournage du film « Se souvenir des belles choses ». Je vais peut-être vous étonner mais je ne me souviens pas de la première fois où j’ai vu Isabelle. Je me souviens en revanche qu’elle venait toujours avec son petit chien, qui était une petite chienne d’ailleurs ! Je me souviens aussi qu’elle était déjà à l’époque un personnage, quelqu’un d’assez particulier.
ISABELLE : Oui, nous avions joué ensemble il y a 17 ans pile poil dans « Se souvenir des belles choses ». Nous ne nous étions pas revus sauf quand j’avais été voir son premier long métrage en solitaire « La face cachée » avec Karine Viard. Le fait que Bernard Campan joue le rôle masculin dans « La dégustation » a été l’une des raisons qui m’ont fait accepter ce projet, outre le fait que la pièce me plaisait beaucoup.
2. Quels sont vos rituels avant l’entrée en scène ?
BERNARD : Vérifier les accessoires. J’ai besoin de passer par des choses assez régulières comme par exemple vérifier les bouteilles de vin : sont-elles bien à leur place ? Est-ce que dans mes poches de tablier il y a bien le tire-bouchon, les clés, le téléphone.
ISABELLE : Mes rituels changent à chaque pièce. Pour « La dégustation » nous avons pris l’habitude de nous retrouver ici au foyer du théâtre à 18h30, de faire une petite italienne et d’aller ensuite ensemble tous les cinq et parfois avec Ivan Calberac [l’auteur] quand il est là ainsi qu’avec son assistante Kelly Gowry, manger une petite assiette de fromage.
3. Quels sont vos points communs avec votre personnage ?
BERNARD : Jacques est quelqu’un d’assez renfermé, bourru, un peu isolé et je le suis aussi. J’ai plutôt tendance à rester chez moi, ma fille me le reproche beaucoup, je suis assez pantouflard. J’aime me balader avec mes chiens et jouer de la guitare tout seul. Sinon Jacques est assez alcoolique moi j’aime bien l’alcool, parfois un peu trop, mais heureusement je ne suis pas alcoolique !
ISABELLE : Sa foi dans l’associatif, ça je pense que c’est vraiment quelque chose que je partage avec mon personnage. Je n’ai pas beaucoup d’espoir dans la politique même si je vote et que j’encourage tout le monde à le faire, mais malheureusement j’ai plus confiance dans les bonnes volontés individuelles. J’ai deux associations auprès desquelles je m’investis : « Un enfant par la main » et « Pour un sourire d’enfant ».
4. Quels sont les points communs d’Isabelle/Bernard avec le sien ? Trois adjectifs pour décrire Isabelle/Bernard
BERNARD : Je vais essayer de ne pas utiliser les adjectifs que l’on emploie souvent pour elle comme « lumineuse ». Je dirais donc « étonnante », « paradoxale » et « adorable ». Ce sont aussi ses points communs avec son personnage. Hortense est elle aussi étonnante, paradoxale : c’est le feu sous la glace, la catho coincée qui en fait ne l’est pas tant que ça.
J’appelle Isabelle « Mademoiselle mine de rien » parce que mine de rien elle écrit un livre, élève trois enfants qu’elle va chercher à l’école et dont elle s’occupe dès 7h du matin et tout ça en jouant dans une pièce de théâtre ! Cette « petite bonne femme » d’une beauté discrète est une énorme comédienne !
ISABELLE : Bernard partage avec son personnage le côté un peu solitaire. C’est aussi quelqu’un de très sincère qui ne se force pas, comme Jacques mais en moins bougon bien sûr ! Mais s’il n’a pas envie de se forcer à sourire dans une émission de télé il ne se forcera pas, il essaye d’être lui-même. Les trois adjectifs que je choisirais pour décrire Bernard : « bienveillant », « sincère », « sage ». C’est quelqu’un qui a beaucoup réfléchi sur lui-même, qui a fait un travail sur lui. Un de ses meilleurs ami est le philosophe Alexandre Jollien avec qui il va faire un film prochainement.
5. Quelle scène aimez-vous particulièrement jouer dans cette pièce ?
BERNARD : Pendant le début de la pièce les choses se mettent en place, ensuite j’aime beaucoup la scène où l’on danse et celle qui suit où il y a de l’eau dans le gaz et où l’on passe de la comédie à la tragédie. Parfois nous sommes pris d’un fou rire en connivence avec le public et nous passons un moment merveilleux !
ISABELLE : J’adore la dégustation qui est la scène centrale de la pièce. Pendant toute la première l’énergie et les rires montent et à la dégustation ça explose ! Je ne suis pas tellement habituée à jouer une comédie où l’on rit autant et qui reste quand même intelligente, entendre les salves de rires c’est vraiment savoureux. C’est une énergie incroyable que nous donnent tous ces rires. Dimanche dernier nous avons eu une spectatrice qui riait très aigu c’était très drôle et je me disais en plus que c’est peut-être une Hortense de la Villardière elle-aussi, j’imagine mon personnage comme ça, avec ce rire !
6. Isabelle/Bernard vous teste-t-il/elle parfois pendant la représentation ? Y a-t-il une scène qui est l’occasion d’un jeu entre vous ?
BERNARD : Non, Isabelle ne me teste pas. Je dirais en revanche que toutes les scènes sont l’occasion d’essayer d’être plus juste, pourquoi pas surprendre l’autre et le public, essayer aussi d’être surpris par l’autre. Ça c’est un jeu que nous avons en permanence mais il n’y a pas de volonté de tester l’autre.
ISABELLE : Oui, il y a un truc assez drôle c’est lorsqu’on danse le slow sur « Petite Fleur » c’est moi qui dois déclencher le baiser et j’adore le regard de Bernard juste avant qui semble dire « maintenant ! » il n’aime pas trop qu’on attende car il trouve ce silence long et je m‘amuse un peu avec ça !
7. Si vous pouviez échanger vos rôles, le feriez-vous ?
BERNARD : J’y ai pensé en rêvassant récemment. Je me suis dit que ce serait amusant avec Isabelle d’inverser les rôles, de jouer le début de la pièce et de voir jusqu’où on peut aller. Elle se souvient très bien du texte, mieux que moi. Mais sinon c’est impossible d’inverser les rôles, même si son rôle est très amusant à jouer.
ISABELLE : J’adore Hortense qui est vraiment un super personnage alors je n’imagine pas changer de rôle. C’est la force d’écriture d’Ivan de savoir rendre chaque personnage attachant, à la fois identifiable et en même temps plus surprenant que ce qu’il aurait pu être et profondément humain.
8. Que ressentez-vous pour le personnage de Steve, le jeune en liberté conditionnelle qui va favoriser votre rencontre (interprété par Mounir Amamra) ?
BERNARD : Steve est vraiment dans l’histoire le complément du duo que je forme avec Isabelle. Je ressens pour ce personnage et pour le comédien également un certain lien filial (J’ai 60 ans, il en a 25). Avec Mounir il y a ce côté transmission, c’est très agréable.
ISABELLE : J’aime énormément Mounir qui est quelqu’un de très attachant et de bluffant. C’est la première fois qu’il joue sur une grande scène, il avait joué déjà à Avignon en off, mais dans une configuration comme celle-ci c’est la première fois. Je suis impressionnée par son naturel, son énergie, sa spontanéité et sa maîtrise de la scène. Dans la vie c’est quelqu’un de très délicat, très attentionné, très galant, il a beaucoup de qualités !
9. Êtes-vous un/une romantique dans la vie ? Êtes-vous amateur de comédie romantique ?
BERNARD : Je suis amateur de comédie romantique seulement si je regarde avec ma femme et ma fille qui adorent ça. Sinon, tout seul je ne suis pas forcément friand de ce type d’histoires, mais c’est un souvenir familial, ce sont les premiers films qu’on a pu voir tous ensemble. J’ai hâte d’ailleurs que ma fille vienne voir la pièce !
ISABELLE : Je ne suis pas romantique dans le sens « fleur bleue », ni dans le sens des romantiques du 19ème siècle comme Musset ou autre. Je ne me complais pas dans des idées torturées. En revanche j’aime le sentiment amoureux et j’aime aimer. Je crois aussi aux secondes chances, puisque c’est un peu le thème de la pièce, et j’ai moi-même l’impression d’avoir eu une seconde chance en rencontrant l’homme de ma vie sur le tard. Avant lui c’était plutôt désertique « Anne ma sœur Anne ne vois-tu rien venir ? ». Enfin, je crois en la force de l’amour, en ce que ça peut nous apporter et apporter au monde. Il y a des bonnes ondes de l’amour, que l’on ressent de la pièce. On en sort heureux et avec l’envie d’aller vers les autres.
10. Êtes-vous amateur de vin ? Connaissez-vous le vin préféré de Isabelle/Bernard ? (le vôtre ?)
BERNARD : j’ai été amateur de vin plus que je ne le suis aujourd’hui, j’avais une cave de plus de 300 bouteilles mais j’ai ensuite limité ma consommation. J’apprécie toujours un bon verre de rouge ! Le vin qui m’a laissé un grand souvenir est un Château Lynch‑Bages 1989. C’était un moment exceptionnel de délectation, j’étais dans une soirée mais plus rien n’existait autour de moi. J’ai aussi le souvenir d’un merveilleux Château Pape Clément.
Isabelle va vous dire que son vin préféré est le Saint-Julien.
ISABELLE : je suis amatrice de vin. J’adore le bordeaux car j’aime les vins très tanniques et j’aime aussi le Minervois qui est charpenté aussi. En fait j’aime les vins d’hommes, corsés ! J’aime aussi les vins du Sud-Ouest et les vins espagnols.
Mon vin préféré est le Saint-Julien Château Léoville Las Cases et pour Bernard j’hésite, je dirais le Château Chasse Spleen peut-être (Bernard l’avait cité avant de s’arrêter sur le Lynch-Bages ! Isabelle nous signale qu’au jeu parodique « Tournez Ménages » qu’avaient créé les Inconnus ils auraient gagnés.)
Merci à Isabelle Carré et Bernard Campan pour cette interview ! Il ne vous reste plus qu’à aller découvrir cette comédie savoureuse qui se termine par une chorégraphie endiablée sur une musique choisie par Isabelle Carré elle-même : un grand moment sur scène à ne surtout pas rater !
Très rythme super moment
Savoureuse et endiablée