Lieu chargé d’histoire à l’âme musicienne et cinématographique, le Théâtre du Ranelagh n’a pas fini de vous régaler ! Entre spectacles musicaux, théâtre classique et une programmation jeune public de grande qualité, c’est un théâtre qui a séduit les habitants du 16ème arrondissement et dont la renommée n’a pas fini de s’étendre. Nous vous proposons ici de redécouvrir ensemble la ligne artistique du Théâtre Le Ranelagh et d’en savoir plus sur la saison à venir.
Quelques mots sur l’histoire du Théâtre
C’est en 1895 que Louis Mors, riche industriel du secteur automobile, fait construire « pour lui et ses amis » (maxime inscrite en latin sur le fronton de la salle) … ce magnifique hôtel particulier, architecture signée Alban Chambon.
Grand mélomane et créateur d’une chaire de musicologie au Collège de France, Louis Mors aménage un salon de musique tout en chêne, style néo-renaissance pour y installer sa collection d’instruments de musiques anciens.
Dans les années 30, la salle est aménagée pour offrir des projections, essentiellement du cinéma d'art et d'essai.
En 1977 la salle et ses ornements sont inscrits au registre des monuments historiques, préservant ainsi ce patrimoine culturel.
Qui dirige le Théâtre ?
Catherine Develay dirige le Théâtre Le Ranelagh depuis 2005. A ses côtés depuis 2009, Benjamin Dumas est chargé de la programmation. Il nous a fait le plaisir de s’entretenir avec nous pour la préparation de cet article.
Combien de personnes travaillent au Théâtre ?
« Nous sommes 2 personnes à l’administration, il y a 3 techniciens et 5 personnes à l’accueil et à la billetterie. Donc une dizaine en tout dans l’équipe permanente.
En plus de cette équipe permanente, entre 100 et 120 personnes interviennent en intermittence chaque saison.
Ce nombre élevé s’explique par le fait que nous jouons beaucoup de théâtre classique, des pièces avec beaucoup de comédiens sur scène. Pour Cyrano par exemple il y a 12 personnes, 11 pour le Cid et pour l’Avare. Lorsqu’il s’agit de pièces de Shakespeare le nombre de personnages est encore plus élevé : 20 rôles pour « Beaucoup de bruit pour rien », 22 rôles pour « Le songe d’une nuit d’été ». Du coup un même comédien joue plusieurs rôles, mais au total il reste tout de même 7 ou 8 personnes sur scène. »
La programmation du Théâtre Le Ranelagh
« Notre théâtre fonctionne financièrement uniquement grâce à l’achat de billets des spectateurs. Nous devons donc programmer des spectacles qui touchent le plus grand nombre et qui fonctionnent, c’est une question de survie !
Nous en avons parlé plus haut dans l’historique du Théâtre Le Ranelagh, la salle a une particularité : c’était un salon de musique privé, créé par un constructeur automobile. Elle a donc été créée pour le son, nous gardons cela à l’esprit dans notre programmation.
Nous essayons de conserver l’histoire de la salle et son passé de cinéma d’arts et d’essais. Ainsi nous organisons des ciné-concerts avec des films muets et centenaires, accompagnés sur scène du pianiste Thomas Février.
La saison dernière, nous avons diffusé des films de Buster Keaton. Les saisons précédentes nous avions choisi des Charlie Chaplin ou encore des « Laurel et Hardy ». Ce type de spectacle plait beaucoup, notamment au jeune public, et entendre les rires des enfants résonner entre nos murs est un immense plaisir.
Nous essayons de proposer majoritairement du théâtre classique, car c’est un créneau qui finalement est peu fréquent à Paris. Les gens du quartier viennent pour cela.
Nous jouons de nombreuses créations de Jean-Philippe Daguerre avec la compagnie créée par sa femme Charlotte Matzneff : « Le grenier de Babouchka ».
Nous essayons de continuer en parallèle à avoir deux à trois créations par saison. Pour cette saison, qui bien-sûr a été très spéciale, nous avons joué « Les romanesques », la première pièce d’Edmond Rostand, mise en scène Marion Bierry.
Et un Sacha Guitry « Aux Deux Colombes » mis en scène par Thomas le Douarec.
Notre priorité est d’offrir des spectacles rythmés, joués par des comédiens de qualité même si ce ne sont pas forcément des « têtes d’affiche » car nous n’en avons pas les moyens.
C’est ce rythme toujours maintenu qui permet de séduire le jeune public aujourd’hui. Nous proposons aux jeunes des spectacles de qualité comme récemment « Le chat botté » ou encore « Vingt mille lieues sous les mers », un spectacle que nous avions découvert avec la directrice à Avignon. C’est un spectacle qui éveille la conscience écologique tout en étant très ludique, avec une intrigue pleine de rebondissements.
« Le Chat Botté » de Charles Perrault
« Augustin pirate du nouveau monde », la suite d’Augustin Pirate des Indes, était également à l’affiche avant la fermeture. La décoration de la salle tout en bois se prête parfaitement à ce spectacle, et dès leur entrée les enfants ont le sentiment d’avoir embarqué sur un bateau pirate.
Le plébiscite du jeune public nous permet d’avoir une belle ouverture sur le milieu scolaire. Nous accueillons environ 20 000 élèves par an. C’est l’occasion de transmettre le goût du théâtre aux jeunes spectateurs, qu’ils sachent ce qu’est le spectacle vivant.
« Augustin pirate du nouveau monde » de Marc Wolters
Nous essayons de faire jouer des pièces qui ont 300, 400 ans et d’en faire toujours quelque chose de jeune et de rythmé qui arrive à les séduire. Chaque représentation est suivie d’une rencontre avec les équipes pendant lesquelles nous sommes ravis de voir que les élèves s’intéressent et posent des questions. C’est aussi très valorisant pour les comédiens et les équipes.
Nous pensons qu’il nous incombe, en tant que personnes de théâtre, de transmettre et de donner goût aux jeunes. Et pour le coup les scolaires viennent de toute l’Ile de France, pas seulement du 16ème arrondissement ! »
Quels sont les derniers succès en date du Théâtre Le Ranelagh ?
« Fidèles à notre volonté de mettre la musique à l’honneur nous avons joué la saison dernière « Looking for Beethoven » de et avec Pascal Amoyel, qui a beaucoup plu à notre public. Son précédent spectacle avait aussi remporté un franc succès : « Le pianiste aux 50 doigts »,
« Le Misanthrope » de Molière mis en scène par Nicolas Vaude et Chloé Lambert a également beaucoup plu début 2020.
« Le Misanthrope » de Molière.
Ou encore le seul en scène « Vipère au poing » en 2019, après avoir été joué au Ranelagh, le spectacle a fait un très beau festival d’Avignon et une belle tournée !
Et bien sûr tous les spectacles du grenier de Babouchka depuis 2015 dont Cyrano, loin en tête ! Enfin les ciné-concerts sont toujours des rendez-vous très attendus du public. »
Quel sera votre prochain spectacle ?
« Le comédien Aurélien Houver devait faire la mise en scène de « La Nuit des rois » de Shakespeare à partir de janvier. La création de spectacle a été reportée, il sera à l’affiche la saison 21-22.
Côté tout public « Les trois mousquetaires » vont investir la scène du Théâtre Le Ranelagh la saison prochaine avec Christophe Mie, champion olympique d’escrime qui officie déjà dans « Le cid » et « Cyrano de Bergerac », et qui coordonnera les combats d’épées !
Nous sommes toujours dans l’incertitude concernant la reprise des spectacles de cette saison qui n’ont presque pas été joués. Tout dépend aussi des disponibilités des compagnies… »
Le mot de la fin
« Nous espérons pouvoir vous retrouver le plus rapidement possible. En septembre dernier, les conditions sanitaires d’accueil dans notre salle étaient bonnes et les spectateurs étaient au rendez-vous. Nous voulons continuer à vous surprendre et à vous donner le sourire ! »
Pour compléter votre lecture, retrouvez ici l’interview de Jean-Philippe Daguerre, acteur, metteur en scène et auteur de nombreux spectacles (« Adieu Monsieur Haffmann », « La Famille Ortiz », « Le Petit Coiffeur »…)
Revoir la vidéo des 120 ans du Théâtre Le Ranelagh.