« Le monde du cinéma est sujet à fantasmes, mais dans la réalité, ce n’est pas tout à fait aussi ‘glamour’ qu’on l’imagine. Peut-être plus drôle, et certainement plus cruel, ou absurde. » - Mathilda May, autrice de la pièce Make Up.
Le rideau se lève sur le car-loge maquillage d’un tournage de cinéma. L’espace est étroit et il semble faire un froid glacial dehors. Les premiers personnages à faire leur entrée sont les maquilleurs, qui arrivent à grand peine à ouvrir la porte, engoncés dans leurs manteaux et poussés par le vent. Ils peinent à se réchauffer.
Un huis clos dans un espace restreint
C’est dans cet univers singulier que nous allons passer 1h30 dans les coulisses du monde du cinéma. Les personnages vont se réchauffer et se dévoiler au fur et à mesure de la pièce, avant que la température ne monte d’un cran et que les esprits ne commencent à vraiment s’échauffer !
« La proximité dans ce lieu particulièrement exigu rend la cohabitation compliquée. Il faut prendre sur soi pour se supporter, mais la nervosité et la fatigue ne le permettent pas toujours… » explique Mathilda May, familière des plateaux de tournage.
Une pièce sans dialogues intelligibles
Au-delà du huis-clos dans un lieu exigu, une particularité étonnante de la pièce est l’absence de paroles intelligibles. « Comme mes spectacles précédents, cette pièce est sans paroles intelligibles. Les personnages parlent, mais en borborygmes et grommelots (imitation de la parole musicalisée). » précise Mathilda May, autrice de la pièce.
Déroutés au départ, nous nous sommes vite pris au jeu de cette langue étrange dans laquelle l’oreille ne peut s’empêcher, les premiers temps, de tenter de distinguer des mots connus.
C’est finalement dans la peau d’un petit enfant spectateur d’un monde bizarre que nous nous sommes retrouvés. S’il est facile de comprendre les grandes lignes des situations qui se déroulent sous nos yeux, chacun construit sa propre histoire au fur et à mesure, se prend à son propre jeu.
Car c’est bien de jeu qu’il s’agit là. Celui des acteurs bien sûr mais au-delà un jeu avec les sons, avec les lumières, avec les corps. Comme si en perdant la parole les autres formes de perception étaient décuplées.
Une expérience aussi étonnante que fascinante !
« Ce langage organique et sans frontières rend le geste d’autant plus parlant qu’il n’est pas accompagné par la parole. Il peut alors prendre tout son sens propre, sa pleine dimension, son rythme et son élan, en partant du cœur de la vérité du sentiment, vers l’action. » détaille Mathilda May.
Une plongée dans les coulisses du cinéma
Que se passe-t-il dans le car loge ? Les personnages tentent de cohabiter avec d’un côté les maquilleurs et les techniciens surmenés et qui s’affairent sans cesse. De l’autre les acteurs, pour qui la temporalité est toute autre puisqu’ils sont amenés à patienter des heures entre leurs scènes, parfois seuls devant le miroir. Un temps qui éprouve leur patience, au fur et à mesure que le trac s’installe.
Le metteur en scène fait des entrées régulières oscillant entre despotisme avec l’équipe technique et obséquiosité auprès des acteurs stars dont il ménage l’égo.
Une hiérarchie s’installe selon le rôle de chacun et des évènements inattendus viendront bousculer l’ordre établi, pour notre plus grand plaisir et celui de nos zygomatiques.
« Ces coulisses révèlent tout de la nature humaine. Mathilda l’observatrice en fait une chorégraphie irrésistible » - PARIS MATCH
« Une magnifique performance de comédiens dans une partition très drôle et sans doute pas si simple à jouer. Mathilda May nous offre un nouveau voyage dans son univers burlesque et onirique où les gags, les situations surprenantes et les instants suspendus se succèdent, s'entrechoquent et s'entrelacent. » - Frédéric Perez du blog SPECTATIF
Le spectacle est à découvrir au Studio Marigny du mardi au samedi à 21h et en matinée le dimanche à 15h.