Vienne, décembre 1791.
Wolfgang Amadeus Mozart vient de mourir. Constance, sa veuve, doit faire front. Seule et désargentée, il lui faut trouver le disciple capable de terminer le fameux Requiem. Franz-Xaver Süssmayr, qui ne la laisse pas indifférente, sera-t-il à la hauteur du Maître ?
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Note e l’auteur – Alain TEULIÉ
Il y a quelques années de cela, lors d’un festival, j’entendis le Requiem de Mozart. Le concert était suivi d’une conférence. Il y fut question de Constance Mozart, et de ce qu’elle dut faire, à la mort de son mari, pour ne pas se retrouver dans la misère. Je fus troublé d’apprendre que Mozart n’avait pu achever son célèbre Requiem, et que c’est le jeune Franz-Xaver Süssmayr, élève, copiste, parfois souffre-douleur, mais aussi ami intime de Constance, qui le termina, et signa même à la place du compositeur, car il savait imiter sa calligraphie.
Peu à peu, l’idée d’en faire une pièce s’imposa. Biographies, essais, correspondances, me permirent de réunir d’abord le matériau historique, car je voulais m’approcher au plus près de la vérité de ces personnages, de leur époque, de leurs préoccupations. Puis je décidai de concentrer l’action en une seule soirée imaginaire. L’urgence du projet et la force des émotions s’exprimaient mieux dans un laps de temps court. Je voulais que cette soirée donne la plus juste idée des sentiments qui agitèrent ces deux êtres, si jeunes encore, Constance et Franz-Xaver. Grâce à ce dernier, le Requiem vit le jour... Constance en perçut le salaire. Cela l’aida à survivre les premiers temps, elle et ses deux enfants. Son dernier fils devint aussi compositeur. Il s’appelait Franz-Xaver Mozart. Oui, il porta le même prénom que Franz-Xaver Süssmayr... Bien des choses liaient Constance et le jeune élève... Mais peut-être ont-ils estimé que cette Messe remplacerait ce qui entre eux n’aurait plus lieu. Plus jamais. Leur l’existence nous parvient, au travers du temps. Et il me semble désormais que ce sublime Requiem, en plus de celle du grand Mozart, nous fait parfois entendre leurs voix...
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Note du metteur en scène – Raphaëlle CAMBRAY
Voilà longtemps que je tourne autour du Requiem. L’oeuvre ultime. Le questionnement absolu. Sa vibration est unique et envoûtante. Lorsque j’ai lu la pièce d’Alain j’ai reconnu immédiatement l’adéquation artistique que je préfère. Une tension harmonique parfaite entre deux personnages, ponctuée par un ostinato céleste, celui du Maître. Équilibre parfait entre la tristesse lourde du deuil et la soif de vivre, de se battre. L’ombre de Mozart
plane «constamment». Tout ici demande miséricorde ... de multiples façons d’ailleurs. Mettre en scène ce texte c’est fabriquer une machine à remonter le temps. C’est nous entraîner dans l’intimité de la création, dans la trivialité du quotidien, dans les souvenirs joyeux et douloureux. C’est diriger un huis clos subtil mené de main de maître par Constance, vraie mante religieuse initiatique. L’humour, la passion, la tendresse, la violence, ponctuent tour à tour chaque mouvement, chaque pensée pour nous approcher un peu plus de Mozart et recevoir ensemble son dernier baiser.