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5 questions à Daniel Russo

Interview

« Tu as fait 3 ans de cours privé, 1 an rue blanche et 3 ans de conservatoire : tu ne sais rien et c’est maintenant que ça commence ».

Quel est votre meilleur souvenir sur les planches ? 

Je garde surtout le souvenir de rencontres magnifiques, comme celle avec Jacques Fabbri. Je passais le concours du conservatoire après 3 ans là-bas et il m’a dit «  que vous ayez le prix ou pas je m’en fou je vous prends dans la compagnie !». Il m’a donné un des premiers rôles dans une pièce dès le départ, une responsabilité rare pour un acteur débutant : « Tu as fait 3 ans de cours privé, 1 an rue blanche et 3 ans de conservatoire : tu ne sais rien et c’est maintenant que ça commence ». J’ai vraiment été touché qu’il prenne le risque de parier sur moi et qu’il me mette le pied à l’étrier.

 

Pouvez-vous nous parler de la pièce dans laquelle vous jouez actuellement ? (Hier est un autre jour, théâtre des Bouffes Parisiens)

C’est Eric Civanyan, avec qui j’avais déjà travaillé dans la pièce « Espèces menacées » qui m’a contacté. Il y a des hasards incroyables dans la vie : s’il m’appelait deux h eures avant j’aurais dû dire non car j’étais sur un film dont le tournage devait commencer mais celui-ci étant décalé je lui ai demandé de m’envoyer la pièce. Le soir même, dès que je l’ai lue, je n’ai pas hésité une seconde : j’ai appelé Eric Civanyan à 3 heures du matin  pour lui dire que je trouvais la pièce extraordinaire et qu’il fallait absolument qu’on la fasse ensemble.

 

Pour moi cette pièce apporte du nouveau, elle dépoussière complètement le théâtre de boulevard car on est loin des clichés comme l’amant caché dans le placard. C’est joyeux, c’est frais, ce sont des ressorts encore jamais vus au théâtre.  Ce n’est pas une pièce facile à jouer car elle est très intense. Le côté magique qui intervient dans la pièce [NDLR : des effets spéciaux] demande une grande rigueur dans la coordination, qui me donne l’impression d’avoir à jouer dans un tempo bien précis comme si je suivais une partition.

Les gestes de mon personnage ont été calqués sur mes observations de personnages réels, j’ai par exemple un ami qui a toujours le même TOC quand il a un coup de stress, une sorte de soubresaut nerveux accompagné d’un geste des deux mains que j’ai repris pour mon personnage. Ce geste, ainsi que le cri que je pousse lorsque l’on touche à l’une de mes tirelires cochon, ont marqué le public, je l’ai vu car plusieurs fois des gens dans la rue me les ont refaits. Pour moi c’est le signe que c’est une pièce populaire ce qui me fait extrêmement plaisir, tout comme le fait que de plus en plus de jeunes viennent nous voir jouer. C’est génial.

Quand on joue une pièce dans la durée, on enrichit constamment son rôle. Tous les soirs il faut gagner le public, j’ai l’habitude de dire à l’équipe juste avant la représentation « Allez, ce soir on les gagne ! ». Certains soirs le public est tellement enthousiaste qu’on a du mal à rester concentrés. L’autre jour  une spectatrice riait tellement qu’elle semblait s’étouffer et a crié « Arrêtez j’en peux plus !». Dans ces cas-là il faut faire attention à ce que l’agitation dans la salle ne prenne pas le dessus sur le spectacle.

J’ai aussi eu comme très beau compliment ce commentaire d’un spectateur : « Votre spectacle devrait être remboursé par la sécu, vous faites office de médicament ».  
 

Quel rôle rêveriez-vous d’interpréter ?

Le rôle du docteur Jekyll et M. Hyde, pour pouvoir jouer la métamorphose d’un personnage. J’ai eu du mal à sortir du répertoire comique, notamment parce que l’un de mes premiers films à succès et pour lequel j’ai reçu un césar était la comédie « 9 mois ». En France on a tendance à mettre une étiquette sur les acteurs, et moi j’étais étiqueté acteur comique.

Finalement on m’a donné ma chance dans le film « Le garçon d’orage » et j’ai pu réaliser un rêve de comédien en passant du comique au dramatique. Sur le tournage, pour amuser les techniciens, je récitais le texte de mon personnage en version comique. J’aime la façon dont les mots peuvent changer de sens selon la façon dont on les interprète.

 

Avez-vous (encore) le trac avant de monter sur scène ?

Oui bien sûr et c’est normal ! En étant acteur de théâtre c’est aussi ce que l’on cherche : des sensations. Quand on donne le quart d’heure je descends sur le plateau et j’écoute les gens derrière le rideau, les sensations montent. Je vérifie mes accessoires : la feuille sur le bureau, le stylo par terre, ça m’aide à me mettre dans un autre état, à rentrer dans mon personnage.

Avant je ressentais un trac négatif, car adolescent j’ai longtemps eu du mal à parler suite à un accident et je fuyais les gens. J’ai énormément travaillé pour essayer de reparler. Mes professeurs m’ont dit qu’il fallait que je renverse la vapeur et que le trac devienne positif pour moi, avec le temps j’ai transformé mon trac en force et j’ai aujourd’hui sur scène une vraie joie de vivre. Tous les soirs sur le plateau je me dis : j’ai de la chance d’être là.

 

Etes-vous un spectateur de théâtre régulier ?

Je joue tous les soirs, je ne peux pas aller voir d’autres pièces. Avant il existait des séances le lundi pour que les acteurs puissent voir les pièces des autres mais maintenant ça ne se fait plus. En véritable amoureux de Jean-Claude Grimberg j’aurais adoré voir la pièce « Les autres » dans laquelle jouait Pierre Arditi, mais je n’ai pas pu. J’aurais aussi voulu voir Robert Hirsh dans la pièce « Le Père ». Quand j’étais gamin j’allais au poulailler à la comédie française pour aller voir cet acteur incroyable. Quand j’ai reçu un Molière et que nous étions nommés en même temps, c’est un rêve de gamin qui s’est réalisé pour moi, une joie sublimissime.  

 

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