Présentée au sein du festival Off d’Avignon cet été et depuis la rentrée au Théâtre des Béliers Parisiens, la pièce « Le gros qui fume comme une cheminée en hiver » s’appuie sur un fait divers réel, aussi invraisemblable que théâtral. Le récit suit Juan, animateur radio, écrivain à succès et père bientôt célibataire, dont la vie bascule après un pari perdu lors d’un match entre l’Argentine et le Paraguay.
Fan de football compulsif, fumeur invétéré, en surpoids et plutôt en déni face à ses problèmes, Juan (Pierre BENEZIT) se retrouve malgré lui entraîné dans un périple inattendu qui le mènera de l’Espagne à l’Uruguay, puis jusqu’en Argentine. Un voyage qui va bouleverser sa trajectoire, son cœur et ses certitudes.
Du pari absurde à la chaîne de synchronicités
Ce déclencheur ridicule ouvre la voie à une succession d’événements improbables : un voyage précipité, l’amour (en la pétillante et lumineuse Floriane VINCENT), un infarctus (« le meilleur de sa vie », dit-il), une rencontre déterminante avec un couple argentin, Clara (Lauriane ESCAFFRE) et Agustín (Marc PISTOLESI), et même un passage par l’hôpital où se joue une partie essentielle de son destin.
La pièce interroge alors la notion de hasard, entre coups du sort, bifurcations inattendues et petites décisions qui, sans qu’on y prenne garde, redessinent une existence entière.
Un dispositif scénique modulable et poétique
Le studio d’enregistrement, point de départ du récit, devient un décor métamorphosable grâce à des panneaux mobiles, des éclairages, de la fumée au sol : un appartement, une voiture, un hôpital, un pays entier.
Cette scénographie fluide, à la fois réaliste et fantaisiste, accompagne les changements de lieux et d’humeur, créant un véritable fil visuel pour le spectateur.
Cette esthétique de la mobilité accompagne une écriture vivante, teintée d’humour, d’espoir et d’un sens aigu de l’observation humaine de la part de la dramaturge et metteuse en scène Élodie MENANT et son co-auteur Gaston RÉ.
Un quatuor d’acteurs tout en justesse
Les quatre comédiens donnent vie à une galerie de personnages hauts en couleur, sans jamais céder à la caricature, toujours dans la nuance : des êtres cabossés, maladroits, mais infiniment attachants.
Leur jeu, nourri de sensibilité et de précision, contribue à faire de cette aventure improbable une histoire profondément humaine.
La pièce sous des dehors fantasques, parvient à saisir ce que la vie a de plus imprévisible, de plus drôle, et parfois de plus bouleversant.
« Le gros qui fume comme une cheminée en hiver » est une comédie humaine au touchante, une invitation à lâcher prise, à se laisser surprendre, à regarder la vie avec ses accidents et ses cadeaux cachés, qui nous rappelle que l’imprévu fait parfois les plus beaux détours.


