Jean Franco nous livre la genèse de la pièce « Libres ! Ou presque… » : « il se trouve que je suis juif, Guillaume Mélanie est homosexuel et un jour il me dit, en 1940 on aurait été un peu dans la difficulté ! De cette conversation est née l’idée de faire un spectacle ». C’est ainsi que Jean Franco et Guillaume Mélanie ont écrit à quatre mains la comédie « Libres ! Ou presque… ». La pièce dont ils sont aussi les acteurs est à découvrir actuellement au Palais des Glaces.
« Libres ! Ou presque… » se déroule en 1940 et débute à Paris. Moïshe, juif, est arrêté par la Gestapo ; il porte l’étoile jaune et attend dans un bureau quand un homme débarque en uniforme militaire allemand. Moïshe croit son sort scellé mais s’aperçoit que l’homme ne parle pas un mot d’allemand et cache sous son uniforme un triangle rose. Il s’agit d’André, homosexuel, qui vient de s’échapper du bureau d’à côté après avoir assommé le garde. Ils décident de s’évader ensemble pour rejoindre la zone libre.
Le plan semble rôdé : Moïshe sera le prisonnier d’André et il lui traduira ce que les autres militaires allemands lui diront. Mais la théorie est plus simple que la pratique. Ils partent menottés l’un à l’autre et André croyait avoir la clé… Les deux acolytes vont devoir se serrer les coudes. À travers moultes péripéties, ils apprennent à se connaître et doivent remettre en question leurs préjugés.
Jean Franco nous confie : « On voulait surtout créer une pièce sur l’amitié plus que sur la Guerre ; la Guerre est une toile de fond. C’est avant tout une comédie sur l’amitié qui démarre sur un antagonisme fort : Guillaume est très grand, très solaire, très joyeux, et moi je suis plus teigneux ».
Deux rôles écrits sur-mesure : Jean Franco et Guillaume Mélanie incarnent deux tempéraments opposés dans la pièce « Libres ! Ou presque… » et cela provoque des situations comiques irrésistibles. La cohabitation forcée les pousse dans leurs retranchements et les malentendus s’enchaînent. Toutes les idées reçues y passent et sont
traitées avec un humour tantôt potache, tantôt plus recherché.
La mise en scène, réalisée par Raymond Acquaviva est dynamique et rythmée, permet aux acteurs d'occuper de façon créative le vaste espace laissé libre sur la scène du Palais des Glace. Le recours à la vidéo en toile de fond permet une immersion dans l’histoire avec un effet cinématographique réussi. Nous avons particulièrement apprécié la scène de marche dans les champs aux pas cadencés (ou presque) !
Le sujet est sensible mais l’humour prédomine toujours. C’est la volonté des auteurs : "En écrivant le texte, on s’est dit que beaucoup de choses étaient encore d’actualité dans le monde, on se dit qu’on contribue un peu à éveiller les consciences, car les messages passent toujours mieux après qu’on ait ri.”
Ce road movie s’apparente aussi à un voyage initiatique et touche directement le spectateur. Les personnages joués par deux acteurs en pleine ascension attirent une véritable sympathie.
Mise en scène : Raymond ACQUAVIVA
Auteurs et distribution : Jean FRANCO, Guillaume MELANIE
Actuellement au Palais des Glaces.