Créée en 2017 au Théâtre des Célestins à Lyon, l’intrigante pièce de David Lindsay-Abayre, Rabbit Hole – Univers Parallèles débarque en ce début d’année sur la scène des Bouffes Parisiens, portée par les comédiens sensibles et généreux que sont Julie Gayet, Patrick Catalifo, Lolita Chammah, Christiane Cohendy et Renan Prévot.
Rabbit Hole raconte l’histoire d’un couple (Becky et Howard) qui vient de subir l’insupportable : la perte accidentelle de leur enfant, huit mois auparavant. Leur vie est à jamais bouleversée ainsi que celle de leurs proches, Izzy (la sœur de Becky) et Nat (la mère de Becky et Izzy).
Comment reprendre le cours de sa vie quand celle-ci n’a brusquement plus de sens, et se montre qui plus est, cruelle à nouveau : Izzy, la sœur doucement folledingue et encore femme-enfant (Lolita Chammah tout en nuances) vient annoncer au couple sa brusque grossesse. A gérer aussi : l’étrange demande de prise de contact d’un jeune lycéen, Jason, impliqué dans l’accident.
Bien que les thématiques du deuil et de la résilience soient fortes, le traitement de cette pièce ne sombre jamais dans le pathos. Les liens très forts qui unissent chacun des personnages permettent même des moments d’humour et de complicité. Rabbit Hole est d’abord l’histoire d’un cheminement intime au quotidien qui mène à la résilience.
Julie Gayet, qui revient sur les planches après quinze ans d’absence, incarne avec beaucoup de justesse, Becky, cette mère toujours digne malgré la douleur viscérale qui l’étreint.
A ses côtés, Patrick Catalifo, est Howard, cet homme, ce père et ce mari pour qui la vie, avant l’accident, était si simple, dans cette Amérique de la middle class. Brisé, il se démène tel un véritable lion en cage.
Izzy (Lolita Chammah), vit aussi un drame intérieur qui va la faire forcer à grandir : enceinte, elle doit vivre sa grossesse quasi clandestinité, face à son modèle, sa grande sœur en deuil de son enfant.
Nat (pétillante Christiane Cohendy), la mère des deux sœurs a également vécu un drame personnel par le passé. Celui de sa fille le lui rappelle brusquement ; maladroite, elle ne sait comment l’entourer.
Pour la metteure en scène Claudia Stavisky (directrice du Théâtre des Célestins à Lyon) « cette histoire – qui n’est finalement rien d’autre qu’un fait divers – donne corps à une matière théâtrale à dimension épique ».
Toute l’histoire se passe dans l’intimité du couple et de sa proche famille, dans le salon de cette maison de banlieue américaine. L’utilisation astucieuse de projections et de musique suggèrent fortement l’absence de l’enfant de même que le nécessaire et progressif retour à la vie à travers le nouvel aménagement de sa chambre.
« Une distribution exceptionnelle (…) [les comédiens] se révèlent à chaque instant magnifiques et bouleversants », écrit Fabienne Pascaud, dans Télérama.
« Julie Gayet et Patrick Catalifo incarnent avec force et subtilité un couple qui tente de se reconstruire. Dialogues ciselés, casting impeccable, mise en scène sensible et intelligente : une réussite », souligne Culturebox.
A noter enfin que l’auteur, David Lindsay-Abayre, avait obtenu le Prix Pulitzer en 2007 pour Rabbit Hole, titre faisant référence à Lewis Caroll. Le Roman a été adapté au cinéma en 2011, avec Nicole Kidman et Aaron Eckhart.
De l’émotion, de la poésie et même du mystère participent à la composition de Rabbit Hole, à ne pas manquer cette saison au Théâtre des Bouffes Parisiens.
Mise en scène : Claudia STAVISKY
Adaptation : Marc LESAGE
Distribution : Julie GAYET, Patrick CATALIFO, Lolita CHAMMAH, Christiane COHENDY, Renan PREVOT