Le Double
Monsieur Goliadkine, paisible fonctionnaire de Pétersbourg, voit sa vie bouleversée par l'apparition d'un double de lui-même. Et il semble que cet autre Goliadkine intrigue pour lui prendre sa place ! Une histoire fantastique qui traite avec humour et empathie de la confusion d'un homme tiraillé entre sa timidité et sa fascination pour les autres.
Après Faust de Goethe et Le Roman de Monsieur Molière de Boulgakov, Ronan Rivière et sa troupe s'emparent de ce roman de Dostoïevski. Une adaptation théâtrale pour la première fois en France, avec six comédiens et un pianiste sur scène.
Durée : 1h25
NOTE D'INTENTION DE RONAN RIVIÈRE :
"Le Double est un conte drolatique et poétique sur la confusion. Celle de Monsieur Goliadkine, discret fonctionnaire de Pétersbourg, et celle de ceux qui l’entourent. L’intérêt de l’œuvre est de semer le trouble entre le rêve et la réalité, entre le fantastique et la folie. C’est cela qui me plaît. D’extraire de cette nouvelle une pièce où l’on ne sait jamais qui est fou entre les personnages, les interprètes ou le public. Car le surnaturel fait heureusement partie de la vie.
L’adaptation est libre, c’est mon écriture personnelle qui transpose le roman sur scène, oscillant entre des moments de confidence poétique et des dialogues secs et rapides, c’est mon style. Je m’appuie sur la trame de Dostoïevski, et m’inspire de l’univers de Gogol et des Nouvelles de Pétersbourg (notamment Le Nez, Le Manteau, et le Journal d’un fou). Il en ressort une comédie fantastique et poétique, avec six acteurs et un pianiste. Elle a pour ambition d’être drôle, active, troublante."
Distribution : Ronan RIVIERE, Xavier LAFITTE, Michaël GIORNO-COHEN, Jérôme RODRIGUEZ, Laura CHETRIT, Jean-Benoît TERRAL
Mise en scène : Ronan RIVIERE
Musique : Léon BAILLY
Décor : Antoine MILIAN
Adaptation : Ronan RIVIERE
Lumière : Marc AUGUSTIN-VIGUIER
Costumes : Corinne ROSSI
Piano : Olivier MAZAL
Plan d’accès Théâtre le Ranelagh
Comment se rendre au Théâtre le Ranelagh
- La Muette (9) ou Passy (6)
- RER C Boulainvilliers ou Maison de la Radio
- 22, 32, 52
- 18 rue du Ranelagh (sous la maison de la Radio), 19 et 80 rue de Passy
- 51, rue des Vignes ou 4, rue de la Fontaine
Non, ce n'est pas du fantastique, comme la présentation de ce spectacle le dit. Personne n'y croirait et ce serait ennuyeux. Il s'agit plutôt de la présentation pleine d'humour de la frustration d'un homme qui est un peu à côté de la vie, mais dont les aspirations sont au fond belles et nobles. Le spectacle est fin, drôle mais aussi par moment pathétique. Il est servi pas cette troupe d'acteurs magnifiques, de vrais acteurs de théâtre, qui savent poser leur voix, infléchir finement leur diction du texte, donner chair et coeur à leur personnage. Un des plus beaux et des plus intéressants spectacles, en ce moment, qu'il faut vraiment aller voir. Et dans le cadre de ce curieux Ranelagh au charme puissant.
C'est une petite société russe du 19è siècle que la pièce décrit, mais chaque personnage a un rôle important dans la tragédie qui se déroule sous nos yeux, balançant entre un archétype initial et une fantaisie surprenante. Tous ont une part de bonté, mais qu'ils auront du mal à exprimer contre le sens que l'histoire prend.
Qui est ce double ? Le Diable ? Le produit de l'imagination du héros ? Nous ne le saurons pas, mais nous espérons jusqu'au bout que le héros pourra sortir de ce cauchemar et que la bienveillance de ses relations l'y aidera. Le fantstique et la folie qui rôde nous fait penser au Horla.
Les décors modestes sont actionnés par les acteurs entre les scènes pour figurer tantôt un intérieur sordide, un bureau austère ou un intérieur bourgeois. Un pianiste accompagne l'action comme dans un film muet.
Chaque acteur semble être né pour incarner son personnage. Ils sont tous humains, ils participent à la tragédie malgré leur part de bonté. On bascule rapidement entre l'austérité de la vie administrative, l'esprit de la fête, et l'effroi face au destin inéluctable.
Le style théatral est tellement évident qu'à aucun moment nous ne doutons que cette pièce a été écrite par Dostoïevski, alors qu'elle est adaptée d'un de ses romans. L'acteur principal est l'auteur de l'adaptation ainsi que de la mise-en-scène.
Ce spectacle impressionne par sa force, nous fait réfléchir longtemps après sa vision. Nous pensons à France Telecom, où l'organisation broie les individus à l'occasion de son changement, ou à l'affaire Benalla, où un individu parvient à utiliser à son profit les failles d'une organisation, fût-elle au sommet de l’État.