Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran
Paris, les années 60. Momo, un garçon juif de douze ans, devient l’ami du vieil épicier arabe de la rue Bleue pour échapper à une famille sans amour. Mais les apparences sont trompeuses : Monsieur Ibrahim n’est pas arabe, la rue Bleue n’est pas bleue et la vie ordinaire peut-être pas si ordinaire...
Comment échapper à la solitude, à la malédiction du malheur ? Comment apprendre à sourire ?
L’histoire tendre et drôle d’un gamin au franc-parler et de l’épicier arabe de sa rue revit, ici, exceptionnellement interprétée par son auteur.
Un texte qui a fait le tour du monde, publié dans 50 pays, joué maintes fois dans toutes ces langues. Il a offert au grand Omar Sharif un César en France, et un Lion d’Or à Venise, une nomination au Golden Globe américain pour le film réalisé par François Dupeyron.
Après une tournée triomphale de 150 représentations qui a mené son auteur-interprète en Amérique du Nord, en Europe, au Proche Orient, ainsi qu’au Festival d’Avignon, le spectacle vient enfin à Paris. Le texte, étudié dans les collèges et lycées de plusieurs pays européens, n’a pas pris de rides. Peut-être même résonne-t-il encore mieux dans le climat contemporain…
NOTE DE L'AUTEUR ET INTERPRETE :
À Tel-Aviv, il y a quelques années, les partisans de la paix de deux côtés s’emparèrent de Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran : le théâtre national d’Israël présenta longtemps cette pièce un soir en arabe, un soir en hébreu.
Or nous entrons dans une zone de turbulences encore plus fortes que lorsque ce texte fut créé en 1999 : l’islamophobie s’est développée sans complexe, l’antisémitisme a repris du poil de la bête, l’ignorance de l’autre n’apparaît plus comme un défaut. Aujourd’hui, on se replie sur son identité comme on se cache dans une armure. Beaucoup ont alors pensé que Monsieur Ibrahim nous manquait, avec sa sagesse souriante inspirée du soufisme, ainsi que Momo, ce garçon solitaire en quête d’amour.
Ces deux-là voient d’abord un être humain en l’autre, pas seulement un juif, un arabe, un musulman, un français, un étranger. Ils nous racontent un univers coloré de tendresse et de respect, nourri par la première forme de la tolérance : la curiosité.
Eric-Emmanuel SCHMITT
EXTRAIT :
« Monsieur Ibrahim avait toujours été vieux.
Unanimement, de mémoire de rue Bleue et de rue du Faubourg-Poissonnière, on avait toujours vu monsieur Ibrahim dans son épicerie, de huit heures du matin au milieu de la nuit, arc-bouté entre sa caisse et les produits d’entretien, une jambe dans l’allée, l’autre sous les boîtes d’allumettes, une blouse grise sur une chemise blanche, des dents en ivoire sous une moustache sèche, et des yeux en pistache, verts et marron, plus clairs que sa peau brune tachée par la sagesse.
Car monsieur Ibrahim, de l’avis général, passait pour un sage. Sans doute parce qu’il était depuis au moins quarante ans l’Arabe d’une rue juive. Sans doute parce qu’il souriait beaucoup et parlait peu. Sans doute parce qu’il semblait échapper à l’agitation ordinaire des mortels, surtout des mortels parisiens, ne bougeant jamais, telle une branche greffée sur son tabouret, ne rangeant jamais son étal devant qui que ce soit, et disparaissant on ne sait où entre minuit et huit heures du matin. »
Distribution : Eric-Emmanuel SCHMITT
Mise en scène : Anne BOURGEOIS
Décor : Nicolas SIRE
Lumière : Laurent BEAL
Création musicale et sonore : Jacques CASSARD
Plan d’accès Théâtre Rive Gauche
Comment se rendre au Théâtre Rive Gauche
- Montparnasse, Edgar Quinet, Gaîté
- 48, 91, 92, 94, 95
- Tour Montparnasse
- n°14001 13 bd Edgar Quinet