Crédit photo : Inconnu
Irène NEMIROVSKY
Né(e) le 24/02/1903
Née à Kiev en 1903, Irène Némirovsky est élevée dans le culte de la langue française, la hantise du ghetto et l’ignorance de la culture juive. Privée d’un père en constant voyage d’affaires, négligée par une mère en quête d’amants, elle conçoit... Lire plus
Née à Kiev en 1903, Irène Némirovsky est élevée dans le culte de la langue française, la hantise du ghetto et l’ignorance de la culture juive. Privée d’un père en constant voyage d’affaires, négligée par une mère en quête d’amants, elle conçoit pour celle-ci une « haine abominable » dont le fiel irriguera longtemps son œuvre.
La révolution bolchevique contraint les Némirovsky à fuir Saint-Pétersbourg en traîneau pour la Finlande. Elle y écrit ses premiers vers et dévore les auteurs français. En 1919, sur un petit cargo, la famille parvient à gagner la France, « cette douce terre, la plus belle au monde », qu’elle connaît depuis l’enfance pour y avoir souvent séjourné.
À Paris, Irène mène une vie indépendante : boîtes de jazz, flirts et villes d’eaux. Elle publie ses premiers textes au hasard des revues et, en 1926, épouse Michel Epstein, fils d’un banquier russe en exil. Dans L’Ennemie et Le Bal, âpres caricatures de sa vie de jeune fille, elle se délivre enfin, sous pseudonyme, de l’emprise maternelle. Dans David Golder (1929), histoire d’un financier juif harcelé par sa femme et guetté par la mort, elle rend aussi justice à son « malheureux papa ». Le prix Goncourt est en vue, mais elle renonce à le briguer, de peur que sa requête de naturalisation ne paraisse intéressée.
Tout au long des années 1930, immigrés juifs et russes ne cessent de s’inviter dans son œuvre. Ses personnages d’indésirables présentent à la France le miroir déplaisant de la xénophobie. En dépit d’appuis prestigieux, sa naturalisation est sans cesse retardée. En 1939, prudence ou superstition, elle reçoit le baptême catholique, ainsi que son mari et ses filles. Dès septembre, elle met celles-ci à l’abri dans le village bourguignon d’Issy-l’Évêque, où elle les rejoindra avant l’invasion allemande.
Contrainte par les lois antijuives de publier sous pseudonyme, elle peut compter sur le soutien d’Albin Michel, son éditeur. Désormais apatride, elle entreprend son roman le plus ambitieux, Suite française, dont elle pressent qu’il sera posthume. Arrêtée le 13 juillet, elle est déportée quatre jours plus tard vers Auschwitz, suivie de son mari le 9 octobre. Elle laisse inachevée la troisième partie de son chef-d’œuvre, intitulée Captivité. Sauvé du désastre par ses filles Denise et Élisabeth, Suite française ne sera publié qu’en 2004 et connaîtra un succès universel.
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