« Qui a éteint la lumière ? » Dans cette comédie culte de l’auteur anglais Peter Shaffer, le monde est à l’envers. Ou plutôt sa lumière. Le principe est simple : quand la scène est éclairée les acteurs jouent comme s’ils étaient dans le noir et quand elle s’éteint : ils y voient clair. Cet artifice efficace provoque alors de multiples situations burlesques conduisant aux méprises les plus comiques.
Au cœur de ce dispositif il y a Gregory (Arthur Jugnot), un artiste sur la paille, et sa compagne Carole (Mélanie Page) qui s’apprêtent à recevoir le grand collectionneur d’art Gunther Von Patsik (Rémy Roubakha). Ce dernier a eu un coup de cœur pour l’une des œuvres de Gregory et souhaite le rencontrer pour peut-être enfin changer sa vie.
Pour l’occasion, le couple a métamorphosé son appartement en « empruntant » les luxueux meubles de Monsieur de Winter (Bertrand Degrémont), leur voisin antiquaire absent pour le week-end.
La soirée prend une autre tournure quand l’immeuble subit une coupure de courant qui plonge l’appartement dans le noir. C’est précisément à ce moment que décident de débarquer le père de Carol (Laurent Richard), un militaire rigide vérifiant les intentions de Gregory à l’égard de sa fille, leur voisin Monsieur de Winter rentré plus tôt que prévu, ainsi que la voisine du dessus (Virginie Lemoine) qui a un fort penchant pour la bouteille. Dans le noir, les mondanités vont se révéler sportives.
Comment parvenir à convaincre le beau-père de la sincérité de ses sentiments tout en remettant les meubles du voisin à leur place ? Gregory a tout intérêt à ce que la coupure de courant dure le plus longtemps possible.
La pièce Black Comedy est un colin-maillard chaotique qui se saisit de toutes les confusions que l’absence de vision peut provoquer pour créer des scènes plus drôles les unes que les autres. En effet, dans le noir, les méprises peuvent aller très loin ! Qu’un beau-fils caresse la main de son beau-père à la place de celle de sa fiancée en est un exemple flagrant.
Pourtant, tout est crédible et d’autant plus comique. Les acteurs, sous la direction de Grégory Barco reproduisent sur scène une chorégraphie virtuose mimant à la perfection les corps dans le noir. Ils trébuchent, se déséquilibrent, cherchent sans cesse leur chemin, tombent et se rattrapent avec souplesse.
« Nous avons tellement l’habitude de jouer en nous regardant. Le gros du travail a été de trouver la crédibilité et la justesse de quelqu’un qui est dans le noir. » - Arthur Jugnot sur France Inter
Cette course effrénée jusqu’à la résolution de la coupure de courant donne un rythme soutenu à la pièce. Le spectateur ne s’y ennuie pas une seconde, il a toujours quelque chose à voir. Chaque acteur tient la partition de son personnage sans cesse aux prises avec l’absence de vision.
« Pour réussir à faire quelque chose qui semble naturel, il faut en réalité l’avoir fait des centaines de fois. » - Mélanie Page sur France Inter
On apprécie particulièrement l’intelligence de l’écriture de Peter Shaffer qui fait cohabiter des situations d’un comique burlesque avec de véritables moments suspendus et poétiques. La scène de la réapparition de la voisine vêtue d’une couverture, les cheveux en bataille (sans doute après le verre de trop), magnifiquement interprétée par Virginie Lemoine, donne une dimension plus profonde et mystérieuse à la pièce.
« C’est tout simplement irrésistible. » - FranceInfo
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Distribution : Arthur JUGNOT, Virginie LEMOINE, Mélanie PAGE, Laurent RICHARD, Bertrand DEGRÉMONT, Anouk VIALE, Rémy ROUBAKHA
Mise en scène : Grégory BARCO
Adaptation : Camilla BARNES, Bertrand DEGRÉMONT
Scénographie : Claire LELLOUCHE
Assistante à la mise en scène : Amandine SROUSSI, Manon ELEZAAR
Création lumière : Thierry MORIN
Création costumes : Ariane VIALLET