Le spectateur qui s’aventurerait dans la salle du Théâtre Fontaine sans avoir lu la plaquette d’informations concernant « Berlin Berlin » pourrait être bien surpris. En effet, la scène montre un salon d’appartement à la décoration communiste des années 70 parfaitement reconstitué. Tout prête à croire que nous sommes face à une pièce historique traitant les évènements relatifs à la séparation de la ville de Berlin entre la RDA et la RFA. Pourtant, c’est une véritable comédie à laquelle nous assistons.
Après « Thé à la menthe, ou t’es citron » ou encore « Frou-Frou les bains », Patrick Haudecoeur joint sa plume à celle de Gerald Sibleyras pour un spectacle à l’humour décapant.
L’intrigue prend place à Berlin-Est, dans l’appartement de la mère de Werner Hofmann (Maxime d’Aboville) : un agent de la Stasi biberonné à l’endoctrinement de la dictature stalinienne. La charmante Emma (Anne Charrier) se présente pour prendre la suite de l’ancienne aide-soignante et s’occuper de la vieille femme acariâtre. Elle a cependant une autre idée en tête.
L’appartement, sous ses dehors austères, cache en réalité un passage pour se rendre de l’autre côté du mur qui fait la séparation entre l’Est et l’Ouest. Avec l’aide de son fiancé Ludwig (Patrick Haudecoeur), elle élabore le plan d’utiliser sa couverture pour parvenir à traverser le sous-terrain et atteindre la zone libre.
C’était sans compter sur le fait que Werner tombe transi d’amour sous son charme, que l’appartement est truffé d’espions et que le couple soit victime de multiples qui-pro-quos qui ne cessent de compliquer leurs plans. La pièce se transforme alors en un boulevard sur fond historique du Berlin des années 80.
Dans ce spectacle, comme sous la dictature : on ne peut faire confiance à personne ! La parole est sous contrôle et nourrit des situations de plus en plus burlesques dans lesquelles s’empêtrent les huit brillants comédiens.
Dans ce chassé-croisé d’agents de la Stasi et du « monde libre », les rôles s’échangent, les malentendus se multiplient pour le plus grand plaisir du public. On savoure particulièrement la méprise du fameux « violoniste » de la Stasi avec Ludwig, le naïf fiancé d’Emma qui n’a jamais touché un archet de sa vie. Le concert qu’il donne tremblant devant les agents de la Stasi va de pair avec les éclats de rire des spectateurs.
« Une pièce qui fait un bien fou. Rire, rire même masquée, quel plaisir enfin retrouvé. Merci » Commentaire d’une spectatrice sur notre site
La mise en scène enlevée de José Paul sert l’écriture ingénieuse de Patrick Haudecoeur et Gerald Sibleyras à travers un spectacle généreux et rythmé.
Les décors sont parfaitement réalistes et de grande qualité. Le spectateur voyage aussi bien dans un intérieur communiste tapissé d’un imprimé « Faucille, marteau » qu’au QG de la Stasi où les seules couleurs qui détonnent sont celles des multiples dossiers. Au sortir de la salle de théâtre, il est presque difficile de quitter cet univers si singulier pour revenir dans notre époque.
C’était un pari audacieux que d’imaginer une pièce de boulevard en plein cœur d’Allemagne de l’Est. Le spectacle est entièrement relevé et le public apprécie d’autant plus les caricatures des personnages qu’elles trouvent un ancrage historique convaincant.
« Excellente soirée, les comédiens les décors l’histoire et ses rebondissements… Tout est excellent. » Commentaire d’un spectateur sur notre site
Distribution :
Anne CHARRIER, Maxime D'ABOVILLE, Patrick HAUDECOEUR, Loïc LEGENDRE, Guilhem PELLEGRIN, Marie LANCHAS, Claude GUYONNET, Gino LAZZERINI
Mise en scène :
Merci pour ce bon moment passé en votre compagnie .