Avec « Le journal », la salle Réjane du Théâtre de Paris propose une véritable surprise pour cette mi-saison. Cette pièce haletante d’Antoine BEAUQUIER, mise en scène par Anne BOUVIER, explore les rouages complexes du journalisme et du pouvoir politique à travers une intrigue passionnante.
Entre manipulations, dilemmes moraux et vérités biaisées, ce thriller journalistique offre au spectateur un récit aussi prenant qu’inquiétant sur les coulisses de la presse et du gouvernement.
Une intrigue sous haute tension
L’histoire suit Edmond Veriés, incorruptible directeur d’un journal d’investigation, qui s’apprête à publier un article compromettant sur Jacques Flamm, ministre des outre-mer qui a « oublié » de déclarer à la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie publique des actions dans une rhumerie martiniquaise.
Mais tout bascule lorsqu’à quelques heures de la parution de l’article, le directeur du journaliste apprend que sa fille, Apolline, a été arrêtée pour trafic de drogue à Jakarta, dont les cellules sont peu réputées pour leur accueil.
Seul Flamm semble pouvoir la sauver, plaçant Edmond face à un dilemme insurmontable : révéler la vérité au risque de condamner sa fille, ou se taire et renoncer à ses principes ?
« Riche en rebondissements on est pris dans les arcanes et les manigances du pouvoir. Sorte de Western moderne où les dialogues sont vifs et malins servis par des excellents comédiens. » NICOLAS – TPA.FR
Toujours tout remettre en question
La thématique centrale de la pièce réside dans l’exploration des liens troubles entre la presse et la politique dans une intrigue bien maitrisée, questionnant la possibilité même d’une information objective.
Manipulations, pressions et jeux d’influence révèlent un univers où l’intérêt personnel prime souvent sur l’éthique.
La pièce pose alors une question essentielle : jusqu’où peut-on aller pour protéger ceux qu’on aime sans trahir ses convictions ?
« Dans une construction assez classique, [Antoine Beauquier] met en place une intrigue diablement maitrisée qui donne à réfléchir sur la société. » – L’ŒIL D’OLIVIER
Des comédiens habités par leur rôle
Le casting brille par sa justesse à dépeindre ses cinq personnages aux caractères bien trempés.
Bruno PUTZULU incarne Edmond avec une profondeur saisissante, oscillant entre un père qui veut sauver sa fille et le patron de presse redouté autant qu’admiré par le pouvoir politique français, qui a consacré sa vie à la vérité.
Bruno DEBRANDT, interprète Raphaël, journaliste vedette d’Edmond et un de ses associés. Il est aussi le narrateur qui brise le quatrième mur pour nous aider à démêler le vrai du faux. Plus souple qu’Edmond il interprète un journaliste plus ambivalent qui sait s’adapter et suivre le vent, sans pour autant renoncer forcément à son éthique.
Bernard MALAKA, très crédible dans le rôle du ministre roublard, impose une présence charismatique et redoutable. Carolina JURCZAC donne à Apolline, la fille d'Edmond, une fragilité poignante, tandis qu’Olivier CLAVERIE, est impeccable en homme d’affaires peu scrupuleux et opportuniste pour qui l’argent est roi.
L’ensemble fonctionne à merveille, proposant des échanges sarcastiques et une belle dynamique scénique pour le plus grand plaisir du public.
« On est embarqué dans l’histoire dès le début, pouvoir, mensonges, arrangements entre amis, mais surtout une belle histoire d’amitié. » NANOU – TPA.FR
Une mise en scène efficace
Anne BOUVIER signe une mise en scène précise et sans temps mort, avec un décor divisé en trois espaces : la cellule indonésienne d’Apolline, les dorures du ministère et la rédaction du Journal.
Les jeux de lumière et les transitions fluides rappellent les codes du cinéma, renforçant l’effet de suspense qui émane de ce duel psychologique palpitant.
« Un sujet délicat sur les compromissions entre le pouvoir et la presse traité avec finesse. Intrigue intelligente, suspens, rebondissements et un dénouement qui ne manque pas de panache. Très bons comédiens […], bonne mise en scène soignée, décors bien adaptés. Très bon moment de théâtre. » JEAN – TPA.FR
« Le Journal » réussit un pari audacieux : allier le suspense d’un thriller politique à une réflexion profonde sur l’intégrité et le pouvoir. A travers des dialogues incisifs, une distribution remarquable et une mise en scène millimétrée, cette pièce interroge notre rapport à l’information et à la moralité.