Alexandrine Zola (à propos de son mari Emile Zola) : « Sa gloire, nous l’avons bâtie, côte à côte, pas à pas, ensemble. »
Dans la chaleureuse salle du Théâtre du Petit Montparnasse qui jouxte le Théâtre Montparnasse, rue de la Gaîté, se joue en ce moment une pièce passionnante qui rend [enfin] hommage à une femme surprenante, engagée dans toutes les épreuves pour soutenir son mari, l’un des plus grands écrivains du XIXème siècle.
Issue des bas-fonds « du ventre de Paris », orpheline dès l’âge de 7 ans, livrée à elle-même, devenue blanchisseuse à 14 ans, sachant tout juste lire et écrire, Alexandrine rencontre un jour Emile et devient Madame Zola.
En 1908, à la suite du transfert des cendres de Zola au Panthéon, cérémonie où Madame Zola se retrouve à enterrer son mari pour la deuxième fois, celle-ci se confie à son apothicaire, Monsieur Fleury, adepte des nouvelles médecines qui libèrent le corps et l’âme. C’est l’époque de Freud et la tournure de ces nouveaux entretiens où les souvenirs de Madame Zola sur son mari affluent, prend celle de rendez-vous qu’un patient aurait avec son psychiatre.
En effet, assez naturellement, Monsieur Fleury, se place en retrait dans une chaise, tandis que Madame Zola, allongée sur un divan lui tourne le dos. Le récit de ce destin de femme hors du commun est d’autant plus touchant que c’est surtout par amour pour son mari qu’Alexandrine se hisse au niveau de ce dernier, l’accompagnant dans les années de misère comme dans les glorieuses ; défendant ses intérêts et ses enfants, quand Emile Zola, s’emparant de « l’affaire Dreyfus » doit s’éloigner de Paris par mesure de précaution. Alexandrine soutiendra son mari même quand ce dernier se montrera infidèle, acceptant finalement de faire reconnaître les enfants illégitimes de Zola aux yeux de la loi et les prenant même sous son aile.
Ce personnage complexe, tour à tour passionné, affectueux, autoritaire, en colère et joyeux, Catherine Arditi le joue avec toute sa générosité de comédienne. Face à elle, il y a Monsieur Fleury, un apothicaire surprenant, attaché à cette cliente un peu particulière jusqu’à accepter parfois d’être sévèrement rabroué, toujours dans une écoute bienveillante. Pierre Forest l’incarne avec humour et beaucoup de délicatesse.
L’auteure de cette pièce Annick Le Goff, s’est inspirée de la biographie d’Evelyne Bloch-Dano sur Alexandrine Zola et a souhaité s’inspirer de l’époque de cette dernière où la psychanalyse faisait ses premiers pas.
Anouche Setbon a mis en scène en ce sens son héroïne : « Alexandrine Zola est faite de ruptures, passant d’une drôlerie extrême, avec un tempérament autoritaire, fort et violent mais qui peut tomber d’un seul coup dans un désarroi et une profonde tristesse. Fleury est là comme un révélateur, un accoucheur des tourments de Madame Zola, saugrenu, iconoclaste apprenti sorcier… »
Et déjà, les premières critiques sont élogieuses : "L'écriture d'Annick Le Goff est d'une clarté et d'une saveur peu courante." Allegro Théâtre
"C’est un très beau moment de théâtre historique mais qui fait surtout passer de l’ombre à la lumière une femme d’exception." Regarts
"Dialogues enlevés sans verbiage inutile qui font mouche" Froggy’s Delight
Dans l’univers feutré du salon de Madame Zola, cet étrange tête-à-tête permet aujourd’hui à « la femme du grand écrivain » d’être bien plus que ça… A découvrir de toute urgence !
De Annick Le Goff
Mise en scène : Anouche SETBON
Distribution : Catherine ARDITI, Pierre FOREST