« La Jeune femme : Il fait tellement chaud ! Je peux retirer mes chaussures et mettre mes pieds en hauteur pour faire circuler ?
Richard Sherman : Mais je vous en prie, faites circuler ! »
L’été à New York, un éditeur débarrassé de femme et enfant découvre de manière impromptue sa très charmante voisine du dessus. Eh bien, oui, bien sûr, ça donne des idées !
Dans le rôle de l’éditeur Richard Sherman en proie à un vrai conflit intérieur, on retrouve Guillaume de Tonquédec. Il nous avait déjà régalés dans La Garçonnière au Théâtre de Paris, autre adaptation d’un grand classique du cinéma hollywoodien. Et dans celui de la charmante voisine (rôle auparavant tenu au cinéma par une certaine Marilyne Monroe), Alice Dufour, révélation du récent Canard à l’orange, joué au Théâtre de la Michodière.
7 ans de réflexion, c’est initialement une pièce de théâtre mais ici Gérald Sibleyras, dans son adaptation française, en a extrait cet « humour juif new-yorkais » si proche de celui de Woody Allen, en traduisant ces dialogues si vifs, précis et rythmés en même temps que ce monologue intérieur auxquels se prêtent les deux héros.
Le texte de George Axelrod, génial dramaturge et scénariste américain des années 50-60, ainsi adapté permet aux comédiens de déployer toutes leurs qualités comiques et émotionnelles. L’humour et le glamour ne sont jamais bien loin.
On se souvient dans le film justement, de la scène mythique où le courant d’air opportun d’une bouche de métro new-yorkais dévoilait les jambes de Marilyn Monroe… Ici Alice Dufour n’a pas à rougir de la comparaison. Son entrée en scène dans une robe fourreau de Thierry Mugler est tout simplement époustouflante. Son personnage de jeune actrice new yorkaise, éternellement célibataire malgré son charme fou, prend petit à petit plus d’aspérités et l’on s’attache à elle autant, bien sûr, qu’au héros, ce mari et père de famille irréprochable qui depuis sept ans de mariage, n’a jamais été voir ailleurs…
Dans ce travail de monologue intérieur, Guillaume de Tonquédec excelle. Il traduit à merveille tous les tourments dans lesquels son personnage se retrouve plongé. D’autres personnages viennent le titiller : les apparitions de son épouse (Agathe Dronne tour à tour féroce ou tendre) et de son présupposé amant (Clément Koch) ou ce psychanalyste assommant (mais interprété de façon si drôle par Jacques Fontanel, déjà présent dans La Garçonnière) ou enfin, Aristote (épatant François Bureloup) qui vient mettre son grain de sel lors des dilemmes cornéliens intérieurs du héros.
Les décors de cet appartement typiquement new yorkais des années cinquante s’animent avec beaucoup d’efficacité pour servir le récit, au gré des pensées du héros : une terrasse, un miroir ou un escalier alors se découvrent…
De cette délicieuse et sensible romance, les deux personnages principaux en ressortiront différents. C’est constamment drôle, léger, glamour, comme ce délicieux breuvage doré que l’on appelle champagne !
Ne manquez pas de découvrir ce spectacle au parfum de l’âge d’or du cinéma hollywoodien, dans ce bel écrin qu’est le Théâtre des Bouffes Parisiens, à l’origine inauguré par Jacques Offenbach en 1855.
« Une comédie romantique et joyeuse portée par une troupe pétillante qui nous parle de voisinage, de fantasmes et de désirs, un été à New-York dans l’Amérique puritaine des années 50. » (Toutelaculture)
On y go ?
De George Axelrod
Mise en scène de Stéphane Hillel
Avec Guillaume de Tonquédec, Alice Dufour, Jacques Fontanel, Agathe Dronne, François Bureloup, Clément Koch…