Fragments de femmes : ces relations amoureuses qui nous marquent
En ce moment, je multiplie mes sorties théâtres sur des thèmes très variés. Après la surconsommation, la culpabilité et le pouvoir de l’argent, je suis allée découvrir Fragments de...
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Fragments de femmes : ces relations amoureuses qui nous marquent
En ce moment, je multiplie mes sorties théâtres sur des thèmes très variés. Après la surconsommation, la culpabilité et le pouvoir de l’argent, je suis allée découvrir Fragments de femmes au théâtre de la Contrescarpe. Cette fois, c’est d’amour dont il s’agit et notamment des traces qu’il peut laisser…
Fragments de femmes est une pièce de théâtre adaptée du livre Brèves de femmes de Fabien Le Mouël. Axé sur les relations amoureuses, ce recueil regroupe 25 monologues féminins. Le titre en a été modifié pour la pièce, afin de mettre en avant les fêlures résultant des épreuves de la vie : des fragments qui nous permettent aussi de grandir malgré les difficultés émotionnelles qu’ils provoquent.
Son auteur connait bien l’univers du théâtre puisqu’il a reçu une formation de comédien au Studio Pygmalion. Il a depuis joué dans divers pièces dont Cold Water en 2017 et est également auteur de plusieurs pièces de théâtre dont le drame Un Nocturne familier. En 2016, il a eu l’occasion de collaborer avec François Rimbau dans la mise en scène de Tombé(s) du ciel. Une collaboration qui lui a visiblement plu, puisque c’est justement François Rimbau que s’occupe de la mise en scène de Fragments de femmes. Afin d’adapter Brèves de femmes au théâtre, François Rimbau a imaginé de mettre en scène les textes sous forme de tableaux afin de créer différentes atmosphères puisque ces histoires sont courtes et variées. Pour interpréter ces femmes, il a fait appel à un trio de comédienne qui tournent selon les jours de programmation. Le soir de la représentation, j’ai pu découvrir Solène Gentric, Alix Schmidt et Cécile Théodore.
Si l’emplacement est libre, une ouvreuse nous indique où nous installer selon notre ordre d’arrivée. C’est ainsi que j’ai pu me poser à proximité de la scène et être ainsi au plus près des comédiennes. Sur cette même scène, je découvre un décor très minimaliste, puisque seuls trois cubes occupent son centre. Soudain, le spectacle commence…
Nous faisons la connaissance d’une femme impatiente de rencontrer son bien aimé qu’elle ne connaît que d’internet, mais celui-ci se fait attendre… Sera-t-il au rendez-vous ? D’autres femmes de différents milieux lui succèdent, nous partageant leurs histoires : des blessures tantôt superficielles ou plus profondes… Cette pièce Fragments de femmes est particulière puisqu’elle ne raconte pas une histoire, mais des histoires qui ont comme point commun l’amour – plus particulièrement les relations amoureuses. Des histoires d’amour qui laissent des traces parfois subtiles, parfois indélébiles, parfois invisibles et pourtant si douloureuses…
Présentés comme des témoignages, nous écoutons, observons ces femmes de tout milieu et de tout âge. Elles nous parlent, nous partagent, nous confessent avec leurs mots leur vécu, leurs petites fêlures et d’autres plus profondes et cela comme on peut le faire avec une amie proche. C’est ainsi qu’en entrant dans l’intimité de toutes ces femmes, nous sommes transportés dans leur univers, un univers qui va nous faire parfois sourire, nous surprendre et même terriblement nous émouvoir…
On nous parle d’amour sous toutes ses formes, raconté au travers de bulles de partages, où des femmes nous transmettent leur histoire. Parfois poétiques, toujours réalistes : ces témoignages en sont bouleversants. Il est donc question de relations qui durent et parfois se brisent, de rencontres surprises sur lesquelles on mise tant d’espoir, parfois éphémère par choix, par peur, d’histoires toxiques, d’autres qu’on juge trop fortes, des histoires surprenantes qui vont nous faire monter la larme à l’œil…
Dans Fragments de femmes, nous découvrons de nombreuses histoires d’amour, celles qui nous permettent de respirer, de vivre, d’être transportés, celles que l’on imagine parfaites. Cet amour qui nous uni et parfois nous désuni, nous blesse, l’amour trahison. Un espoir qui n’arrive pas, des déceptions qui nous fendent le cœur. Et puis, il y a l’amour toxique, celui qui finit par nous isoler et dont on n’arrive pas à se libérer. Cet amour qui laisse des maux éphémères sur le corps, mais qui brise à jamais l’âme. Cet amour destructeur qui fait peur, qui nous emprisonne : le bleu à l’âme, le mal des maux, le mal d’amour… Et puis il y a l’amour que l’on donne, mais qui nous détruit et l’autre qu’on monnaie. L’amour toxique d’une amie, d’un parent ou encore d’une femme qui essaie de survivre à l’homme qui n’est plus là… des destins si différents et si authentiques. Il y a des mots qui sonnent, raisonnent et qui marquent et des mots plus légers qui permettent de souffler et même de rire ! Il y a des moments poétiques et des moments imprévisibles dans ces témoignages dont on en comprend le sens qu’au moment de la chute.
Tous ces fragments de vie ont su prendre vie un instant dans les mots des comédiennes, mais également grâce à une mise en scène qui a su mettre en avant le texte : c’est ainsi que les trois cubes voyages sur scène et s’éclairent en fonction des besoin des tableaux, parfois accompagnés par un jeu de lumière qui permet d’intensifier ces moments forts, tout en sachant laisser une place centrale aux mots. Il en va de même avec la bande son qui sait accompagner sans jamais masquer le texte puissant. Un texte qui est retranscrit par trois comédiennes revêtues d’une robe noire et… de nombreuses chaussures qui sont laissées au fur et à mesure des tableaux sur le devant de la scène. Chaque paire symbolise leur histoire, et en les laissant sur le bord de la scène, peut-être aussi l’espoir d’une nouvelle vie…
Ces comédiennes jouent parfois seules, parfois à deux ou toutes ensemble lorsque le témoignage l’exige. Solène, Alix et Cécile nous partagent avec beaucoup de conviction et de sensibilité ces moments de vie.
Solène Gentric : Après sa formation au cours Florent en 2009, la comédienne joue aussi bien des rôles classiques que contemporains, ainsi que dans dans des spectacles pour le jeune public où elle a même été co-auteur pour Le Coffre aux Contes. Elle rencontre dès 2016 Fabien le Mouël et François Rimbau dans la pièce Tombés(s) du ciel.
Alix Schmidt : Formée auprès d’Odile Michel et au cours Florent ainsi qu’en participant à des stages en français et en anglais, Alix joue au cinéma (notamment Le Sacre de l’été dernièrement), sur le petit écran et au théâtre dans des tragédies, comédies et one woman show. Elle prête aussi sa voix pour le doublage de films, séries et documentaires TV.
Cécile Théodore : Danseuse classique, très sportive (elle pratique des sports de glisse et le karaté), Cécile joue de nombreux rôles de femme d’action dans des séries TV et au cinéma dans des univers contemporains ou de comédie. Au théâtre, elle a joué aussi bien des rôles classiques que contemporain.
C’est une pièce touchante et parfois amusante qui nous partage des témoignages dans lesquels on pourra se retrouver. Bien qu’on assiste à de grands virages émotionnels entre ces tableaux, les comédiennes parviennent à retranscrire ces différents moments avec efficacité : l’ensemble des tableaux permet de transmettre de grands moments d’émotions et cela d’autant plus qu’on a l’impression de faire parti de leur intimité dans la mesure où les comédiennes s’adressent directement à nous le public.
En conclusion : Fragments de vie est une pièce qui n’est pas exclusivement destinée aux femmes. Tout le monde pourra être ému devant ces récits de vie qui se veulent par moment amusants, surprenants et bien souvent émouvants. Par sa mise en scène, François Rimbau a su mettre en valeur et préserver le pouvoir des mots de son auteur Fabien de Mouël.
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