Ce mois-ci, nous vous proposons une sélection éclectique où se côtoient grands noms, écritures contemporaines et découvertes inattendues. Du musical phénomène venu de Broadway au seul-en-scène brûlant d’actualité, en passant par des comédies bouleversantes et des fables intimes, la rentrée théâtrale d’octobre promet intensité et émotions.
« [Ailleurs/Après] » au Petit Montparnasse | Quand la rencontre répare les silences
Au Petit Montparnasse, « [Ailleurs/Après] » d’Arnaud BÉDOUET, mis en scène par Catherine SCHAUB, s’impose comme une traversée sensible entre solitude, mémoire et renaissance.
Ils sont voisins, mais étrangers, elle a trente ans, lui porte le poids d’un passé endeuillé.
« Un choc de générations ? Non : une rencontre, un souffle d’amitié, un éclat de vie ! » affirme la metteuse en scène Catherine SCHAUB
Dans l’habitacle bancal d’une Talbot Samba, improbable embarcation vers l’Ouest, deux êtres cabossés s’offrent une échappée où chaque mot, en apparence léger, fissure les certitudes.
Le texte oscille entre le réel et l’imaginal, brouillant les frontières du vécu et du rêvé, jusqu’à faire de ce périple une métaphore du besoin vital de lien.
Théâtre du « pas encore dit », cette fable fragile rappelle que parfois, s’arrêter est la seule façon d’avancer.
« Un Château de cartes » au Théâtre des nouveautés | Un Darmon monumental
Après une tournée acclamée, « Un Château de cartes » s’installe au Théâtre des Nouveautés avec un trio d’acteurs d’exception : Gérard DARMON, Isabelle GÉLINAS, Stéphan WOJTOWICZ, sous la direction de Serge POSTIGO.
Le point de départ semble classique : un dîner entre amis, une dispute conjugale, une panne de voiture ; mais la pièce bascule vite dans une mécanique vertigineuse où les rôles s’inversent, les vérités se brouillent, et les repères se fissurent comme dans le château fragile du titre.
Entre comédie grinçante et drame intime, la pièce tient le spectateur en haleine, le faisant passer du rire aux larmes.
« Magistral Gérard Darmon, drôle, touchant » écrit Delphine, résumant l’enthousiasme général.
Derrière les jeux de miroirs et les apparences trompeuses, c’est une réflexion sur l’amour, la jalousie et la fragilité des liens humains qui se dessine, portée par des interprètes au sommet de leur art.
« Cher Evan Hansen » | Le frisson de Broadway au Théâtre de la Madeleine
Phénomène mondial auréolé de six Tony Awards, « Cher Evan Hansen » arrive enfin en France, au Théâtre de la Madeleine.
Mis en scène par Olivier SOLIVÉRÈS, ce musical à la fois contemporain et bouleversant raconte l’histoire d’Evan, adolescent timide et invisible, qui voit son existence basculer après une tragédie et une lettre mal interprétée.
Entre illusion, espoir et solitude, une question lancinante traverse la pièce : « Peut-on bâtir un bonheur sur un mensonge ? »
Les chansons, adaptées en français par l'artiste interprète HOSHI, portent avec intensité une émotion brute, à fleur de peau, où se mêlent rires, larmes et vertige.
Vous pourrez retrouver le message central de la chanson centrale du spectacle « You Will Be Found » composé par le duo Pasek & Paul :
« You are not alone. You will be found. »
En explorant les fragilités de l’adolescence à l’ère des réseaux sociaux, cette œuvre met en lumière le besoin universel d’être entendu et aimé tel que l’on est.
Un spectacle coup de poing qui promet de toucher en plein cœur.
« La chair est triste hélas » au Théâtre de l’Atelier | Anna Mouglalis, voix d’un cri féminin
Au Théâtre de l’Atelier, Anna MOUGLALIS prête son corps et sa voix au texte d’OVIDIE, publié en 2023, devenu en peu de temps un manifeste malgré lui.
« Un jour, j’ai arrêté le sexe avec les hommes » écrit l’autrice, ouvrant une confession brutale, drôle et rageuse sur les injonctions qui pèsent sur le désir féminin.
Ni essai, ni manifeste, mais un texte cathartique où la colère se mêle à une lucidité tranchante :
« Évidemment que nous sommes mal baisées, c’est justement ça, le problème ! »
En choisissant le seul en scène, OVIDIE donne une puissance nouvelle à ce récit intime devenu politique, où se croisent pamphlet féministe et étude sociologique.
Sur scène, Anna MOUGLALIS, silhouette magnétique, incarne avec intensité ce refus de se taire et transforme la révolte individuelle en un écho collectif.
Un théâtre coup de poing qui, sous ses airs de confession, prend des allures de soulèvement.
« Rose Royal » au Studio des Champs Elysée | Une femme, un revolver, une vie en équilibre
Au Studio des Champs-Élysées, Anne CHARRIER incarne Rose, cinquante ans, belle, cabossée et méfiante, héroïne de la nouvelle de Nicolas MATHIEU adaptée pour la scène.
Mise en scène par Romane BOHRINGER, ce seul en scène suit une femme qui « en a trop soupé des cons, des brutes et des salauds » et s’offre un calibre 38 comme talisman contre la violence du monde. Tout bascule le soir où elle croise Luc, inconnu couvert de sang.
Entre roman noir et confession intime, « Rose Royal » déploie une tension à la fois brute et sensuelle, où l’ordinaire côtoie l’explosion des désirs et des peurs.
« Ardent et profondément humain » selon LE MONDE
Le spectacle doit beaucoup à l’intensité d’Anne CHARRIER, magnétique, qui prête à Rose une grâce rageuse, une drôlerie inattendue et une humanité désarmante.
Un portrait de femme à la fois implacable et bouleversant.
Qu’il s’agisse de rire, de réfléchir, de frissonner ou simplement de se laisser emporter par la magie d’une salle plongée dans le noir, aller au théâtre reste toujours une bonne idée. En octobre, plus que jamais, laissez-vous tenter : la scène vous attend !
