Charmante, heureuse et décidée. Pendant des années Virginie Efira a adoré faire de la télé. Mais elle savait qu’un jour il lui faudrait revenir à ce qu’elle avait toujours voulu faire: jouer la comédie.
Impressionnante dans Nathalie, en 2009, la comédienne reviendra en 2011 dans un Shakespeare. En attendant, elle nous parle de son exigence vis-à-vis du théâtre.
Vous êtes passée par la télé, mais le théâtre, c’est ce que vous avez toujours voulu faire?
J’ai eu très tôt l’envie de jouer, de m’exposer de manière un peu impudique. Pour moi, forcément ça passait par le théâtre. C’est un syndrome qui est arrivé quand je devais avoir cinq ou six ans. J’ai commencé par déclamer des poésies un peu lourdingues sur scène, puis ça s’est transformé. Très rapidement, j’ai monté des pièces à l’école, avec une sorte d’obsession pour Ionesco. C’est curieux à cet âge… Ionesco c’est bien, très bien, mais je montais aussi d’autres choses: je me souviens qu’à dix ans, j’avais aussi “mis en scène” un livre de Patrick Poivre d’Arvor. Une histoire d’amour qui m’avait beaucoup touchée à l’époque… Je n’avais pas uniquement le goût des chefs-d’œuvre!...
Passée la petite enfance, le désir était toujours là?
Oui, à la puberté, j’avais toujours autant le goût du déguisement et du jeu. Il y a eu des cours de théâtre, des cours de déclamation… Quand j’ai eu l’équivalent de mon bac en Belgique, je voulais toujours faire ce métier, même si je ne connaissais finalement pas grand-chose au théâtre. Je ne connaissais que les choses que je montais mais je n’étais pas au courant de ce qui se passait ailleurs, je ne me tenais pas au courant de la création contemporaine. C’est en rentrant à l’Insas (l’Institut National Supérieur des Arts du Spectacles, à Bruxelles) que j’ai découvert ce qu’était vraiment le théâtre et la mise en scène. J’ai découvert à quel point ça pouvait vraiment me bouleverser. Avant, j’aimais simplement l’idée de jouer parce que les textes me plaisaient. En tant que spectatrice, je ne me souviens pas avoir été transportée par le théâtre avant mes dix-huit ans.
Racontez-nous votre découverte du théâtre.
C’était assez paradoxal. L’INSAS reste une école un peu politique et avant-gardiste. J’y ai découvert Shakespeare d’une manière différente de ce que j’avais pu voir avant, d’une façon beaucoup moins conventionnelle. Ça m’a éblouie. Mais autant mon plaisir de spectatrice a été décuplé, autant mon plaisir de comédienne s’est réduit. Je me suis mise à avoir la trouille. Parce que c’était une école, parce que j’étais avec des gens qui avaient une culture du théâtre bien plus importante que la mienne. J’ai eu des complexes qui m’ont sûrement servi, mais qui ont d’abord fait que je ne suis restée qu’un an dans cette école avant de rentrer au Conservatoire de Bruxelles. L’enseignement y était plus rassurant pour moi. Plus structuré. Moins osé aussi, mais ça me convenait mieux. J’ai découvert une manière de travailler et de chercher où l’on ne jouait pas avec ce que l’on était. Ça arrangeait pas mal la fille en manque d’assurance que j’étais à l’époque.
Pourtant, vous avez aussi quitté ce Conservatoire avant la fin. Pourquoi?
Pour aller sur les routes avec une troupe assez obscure! Vivre la vie de saltimbanque dans une sorte de communauté. Mais ça impliquait une certaine manière de vivre qui ne me collait pas non plus à la peau. Ça n’a duré que quelques mois. Après, j’ai fait d’autres choses, pendant quelques années. Mais j’ai toujours gardé le désir de monter des spectacles, de créer, de jouer. Cette envie, je l’ai depuis toute petite. C’est ce que je suis.