EDUARD : Les fous ignorent qui ils sont et moi je sais qui je suis ! Je suis le fils d’Einstein.
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LE SURVEILLANT : Il n’y a pas de passe-droits ici, nul n’est au-dessus des lois et certainement pas un fils à Papa comme toi.
EDUARD : Je ne suis pas un fils à papa !
Laurent Seksik, auteur du roman dont est adapté la pièce « Le cas Eduard Einstein » a découvert lors de recherches sur Albert Einstein le paragraphe suivant écrit par l’un de ses biographes : « Einstein avait deux fils. Le benjamin, fou, interné en 1932, vécut la majeure partie de sa vie à l’asile, et mourut en 1965, jardinier de l’hospice, sans que son père ne l’ait jamais revu après l’avoir quitté en 1933 lors de son départ pour l’Amérique. »
Quelques lignes seulement pour évoquer un volet tragique de la vie du célèbre scientifique. Est-ce pour ne pas ternir l’image du grand homme que l’on a fait l’impasse sur l’histoire de son fils ? Laurent Seksik a décidé de redonner une existence à Eduard Einstein et nous invite ici à faire sa connaissance.
Ainsi la pièce démarre sur l’internement d’Eduard Einstein dans une clinique de Zurich. Sa mère, la première femme d’Einstein, a tout fait pour le garder avec elle mais son état nécessite des soins et une surveillance accrue.
Tandis que son fils évolue vers la folie, Einstein subit également une autre grande menace : la montée du nazisme en Allemagne, où il vit à cette époque. Devant l’ampleur du danger l’exil s’impose mais cela implique d’abandonner son fils à son sort, car si les scientifiques sont les bienvenus aux Etats-Unis ce n’est pas le cas des personnes atteintes de maladie mentale.
« Le Cas Eduard Einstein » est une pièce sombre à la mise en scène et au décor terriblement immersifs : nous sommes à la fois au cœur de l’hôpital psychiatrique et dans l’intimité du bureau d’Albert Einstein, un parallèle saisissant entre deux lieux ou père et fils souffrent, l’un dans l’exil et l’autre dans l’enfermement.
Dès les premiers instants Hugo Becker, qui interprète Eduard Einstein, nous a subjugué par son jeu. Les spectateurs sont immédiatement happés par ce qui se passe sur scène. Michel Jonasz est également fascinant de réalisme dans son interprétation d’Albert Einstein.
Au milieu du drame qui se joue sous nos yeux transparait également une humanité rayonnante : de la mère qui se dévoue entièrement à son fils, au père qui n’oublie jamais ceux qu’il a laissé derrière lui en passant par le surveillant de prison qui finit par éprouver un peu d’amitié pour son patient, tous les personnages sont traités sans manichéisme et avec une vraie profondeur par l’auteur.
« Excellente mise en scène, acteurs époustouflants. Une grande tension dans cette pièce, avec un Hugo Becker remarquable en Edouard Einstein.
A voir absolument ! » avis de spectateur sur notre site www.TPA.paris.
Une grande pièce à découvrir actuellement à la Comédie des Champs-Elysées !
Mise en scène : Stéphanie FAGADAU-MERCIER
Distribution : Michel JONASZ, Hugo BECKER, Josiane STOLERU, Pierre BENEZIT, Amélie MANET, Jean-Baptiste MARCENAC