Avec ce musical librement adapté de l'Opéra de Ruggero Leoncavallo Paillasse (1892), la salle de spectacle célèbre en majesté ses 70 ans.
Pourquoi Pierre (Fabien Richard) est-il si nerveux? Nous sommes en 1948, dans le tout récent Théâtre de la Huchette à Paris . Avec sa femme,...
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Avec ce musical librement adapté de l'Opéra de Ruggero Leoncavallo Paillasse (1892), la salle de spectacle célèbre en majesté ses 70 ans.
Pourquoi Pierre (Fabien Richard) est-il si nerveux? Nous sommes en 1948, dans le tout récent Théâtre de la Huchette à Paris. Avec sa femme, Coco (Marion Préïté, Tante Polly dans Les Aventures de Tom Sawyer à Mogador) et leur ami Guy (Cyril Romoli), Pierre répète un vaudeville quelques heures avant la première. Les trois comédiens viennent de province et tiennent à saisir leur chance en se produisant dans la capitale. Mais rien n'est prêt.
Pierre qui campe le mari trompé est également le metteur en scène de la pièce. Il échange quelques répliques avec Coco dans le rôle de l'épouse infidèle en attendant Guy, l'amant donc, qui ne connaît pas encore son texte par cœur. À son arrivée, la tension grimpe. Pierre le soupçonne d'être amoureux de Coco. Le doute est permis, la fiction se mêle dangereusement à la réalité.
Swing, jazz et mise en abyme
Samuel Sené qui dirige un formidable trio d'acteurs et chanteurs a puisé ses idées dans Paillasse, un opéra italien inspiré d'un fait réel dont on ne dévoilera pas la teneur pour préserver la surprise. Dans le même esprit, Éric Chantelauze a composé un livret et des paroles de chansons qui jouent sur les sous-entendus et les non-dits. Illustrés avec une fausse légèreté par les musiques jazzy et swinguées de Raphaël Bancou. Les personnages s'enlisent, chacun a sa vérité et elle n'est pas bonne à dire.
Samuel Sené s'amuse avec les codes du spectacle bien vivant. Réussit un tour de force en exploitant le plateau exigu de la salle. Il bluffe le spectateur en offrant dans le même temps une magistrale illustration de mise en abyme. Après La Poupée sanglante et L'Écume des jours, pour ses 70 printemps, le théâtre de la Huchette offre une nouvelle comédie musicale brillante. À la fin, les applaudissements largement mérités se font attendre. D'abord, joyeux, puis malmené et enfin effrayé, le public sort sonné. À ne pas manquer.
Nathalie Simon
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