Toutes les étiquettes que l’on a pu attribuer, par le passé, à l’œuvre d’IBSEN, telles que "désespérée, sombre, pessimiste" sont, à mon sens, erronées. En réalité, Ibsen plonge son regard dans les profondeurs de l’existence humaine avec humour et c’est cet humour même qui le sauve, et nous sauve.
Son œuvre n’est qu’une constante recherche de la vérité et sa pièce "Solness, Le Constructeur" est une réponse drôle et anarchiste à une société frileuse agrippée à son obscurantisme et sa peur du futur.
La pièce parle du désir, celui qui fait déplacer des montagnes ; car c’est au plus vif du désir que se joue la liberté des êtres.
C’est la peinture d’un espace confiné qu’une pensée émancipatrice fait exploser, rendant toute chose possible. On peut lire la pièce, bien sûr, comme la tragédie d’un homme, en pleine maturité, au faîte de sa carrière, mais sur le point de tout perdre et qui s’isole dans une paranoïa autodestructrice.
Je préfère la voir plutôt comme une comédie : un homme – en pleine crise de la cinquantaine – effrayé par l’énergie et la beauté des jeunes qu’il entraîne dans son sillage, perdu entre ses maîtresses et l’exigence de sa femme, et qui, en plus, tombe raide amoureux d’une femme très jeune, vraiment très jeune.