Acteur et metteur en scène, William Mesguich se forme auprès de Pierre Debauche à Agen. En 1998 il créé avec Philippe Fenwick la Compagnie de l'Étreinte qu’il dirige seul aujourd’hui. Il a depuis participé à plus de 70 spectacles. On peut actuellement le voir sur scène au Théâtre de Poche dans « Dans les forêts de Sibérie » de Sylvain Tesson et à la mise en scène de « Soie » d’Alessandro Barrico au Théâtre du Lucernaire.
Crédits photo : Anaïs Brébon
1. Pourriez-vous décrire votre parcours ?
J’ai été très tôt plongé dans le bain du théâtre, par l’intermédiaire de mon père Daniel Mesguich. Vers 9-10 ans, j’ai eu la possibilité de monter deux fois sur scène dans des spectacles professionnels qui m’ont laissé un gout prononcé pour cet art.
Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson, au théâtre de la Huchette en 2020.
Après avoir délaissé quelques années la chose, fais des études de lettres, envisagé une carrière de footballeur professionnel, j’y suis revenu. Je devais avoir 18 ans et j’assistais à une répétition de « Marie Tudor » de Victor Hugo, dirigée par mon père au Théâtre de Lille. Je me souviens avoir eu l’envie d’intervenir plusieurs fois pour faire des propositions. C’est là, que j’ai réalisé que le désir de théâtre persistait.
Je suis donc entré dans l’école de Pierre Debauche à Agen, qui est mon maitre de théâtre et m’a beaucoup appris. J’ai depuis joué, aussi bien des spectacles dits classiques que des spectacles d’écriture contemporaine et monté plus de 40 spectacles (cabarets, jeunes publics, seuls en scène).
2. Selon vous, quelle est la qualité principale que devrait avoir un comédien ?
La principale qualité d’un comédien est justement… D’en avoir plusieurs !
L’intelligence : le comédien n’est pas seulement l’interprète des mots d’un autre, il doit mettre une certaine pensée à l’œuvre pour être plus riche dans les propositions qu’il peut faire sur un plateau. Il faut avoir la volonté de se cultiver, d’aller plus loin et de plonger dans les méandres que peuvent faire émerger un texte.
Le travail : le labeur, au sens latin, n’est pas dépréciatif. C’est une chose très belle que de remettre à l’ouvrage les choses que nous avons à rêver, à inventer. L’art du théâtre pourrait se définir comme l’art du « refaire » car il est toujours une sorte de recommencement.
L’écoute : il est primordial d’être attentif au regard extérieur sur son travail, de s’entendre sur un langage commun pour faire advenir les plus belles choses du monde.
3. On vous voit souvent incarner des personnages puissants et tourmentés sur scène, comment préparez-vous ce genre de rôles ?
Plus jeune, je jouais des rôles en rapport avec mon âge : des amoureux, des valets… Avec le temps, j’ai eu envie d’aller vers des personnages excessifs.
Je me suis découvert une capacité à me transformer pour atteindre ces rôles dont j’étais éloigné à l’origine. Très vite, je me suis senti à l’aise dans la construction de personnages tourmentés à travers le travail du regard, du corps, du phrasé, une intensité, qui nous fait sortir du quotidien et de nous-même.
Au fond de moi il y a sans-doute une pulsion plus radicale. Peut-être que c’est même cela qui m’intéresse, cette faille, cette brèche qu’on entrevoit en soi et qui bouleverse.
Le Souper, au Théâtre de Poche-Montparnasse
4. Quel défi représente le travail autour du texte de Sylvain Tesson « Dans les Forêts de Sibérie » ?
C’est la première fois que j’explore des contrées textuelles plus apaisées et plus calmes.
Quand j’ai eu envie d’interpréter le texte de S. Tesson, je n’ai pas osé m’y plonger immédiatement. Cela faisait beaucoup de temps que je n’avais joué ce type de registre littéraire.
Il m’a fallu me confronter à ce rapport à soi, à la solitude, au monde, au regard, au silence. J’ai trouvé l’expérience passionnante.
La parole parvient et s’énonce différemment. Au début des répétitions c’était un peu difficile, puis à mesure de l’avancement du travail, c’est devenu agréable d’établir un rapport avec le public qui soit intime et tendre. Je sens finalement que ce texte m’apaise réellement, jusque dans ma vie.
Dans les forêts de Sibérie au Théâtre de La Huchette
5. Vous êtes également metteur en scène, en ce moment pour « Soie » au Théâtre du Lucernaire, comment appréhendez-vous ces deux casquettes ? Comment le fait d’être comédien vous influence dans la mise en scène ?
Quand j’ai demarré mon parcours de comédien, très vite, j’ai eu des envies de mise en scène. J’ai toujours aimé être à l’initiative des projets et entraîner les autres pour rendre les aventures possibles.
J’aime l’idée d’accompagner un comédien sur scène, d’être à distance, de rêver des univers. J’essaye d’avoir une exigence vis à vis de moi-même et des autres, mais j’essaye aussi de ne pas « contrôler » la mise en scène. Ce qui compte avant tout, c’est le plaisir de l’invention et le partage.
Le spectacle que je mets en scène en ce moment : « Soie » est un voyage très doux, proche de la forme du conte. La comédienne, Sylvie Dorliat, nous embarque avec élégance et poésie dans son monde. C’est un grand plaisir de travailler ce texte qui est une invitation à l’ailleurs, noué à un récit intime.
On pourra retrouver William Mesguich, à la mise en scène dans :
« Soie » d’Alessandro Barrico au Théâtre du Lucernaire jusqu’au 28 novembre, et « OpéraPiécé » de Marion Lépine et Aurore Bouston au Théâtre du Lucernaire du 8 décembre au 30 janvier 2022.
En tant que comédien dans :
« Dans les forêts de Sibérie » de Sylvain Tesson au Théâtre du Poche-Montparnasse les lundis à 21h jusqu’au 27 décembre, et « Byron » aux cotés de Sylvain Tesson au Théâtre du Poche-Montparnasse du 15 au 23 décembre.