DON ELEMIRIO : Non. Vous êtes belle comme une créature de Khnopff. Je vous imagine pourvue d'un corps de guépard. J'adorerais que vous me dévoriez.
SATURNINE : Je ne mange pas n'importe quoi.
DON ELEMIRIO : Voulez-vous m'épouser ?
SATURNINE : Je pensais que vous n'épousiez pas.
DON ELEMIRIO : Je ferai une exception pour vous. Je vous aime comme je n'ai jamais aimé.
SATURNINE : Vous avez dû le dire à toutes celles qui m'ont précédée.
DON ELEMIRIO : Je l'ai dit à chaque fois que c'était vrai.
Bienvenue à l’Artistic Théâtre, oserez-vous faire la rencontre du terrible Barbe-Bleue ?
Il est justement à la recherche d’une colocataire pour partager son magnifique hôtel particulier à Paris. 500 € pour une chambre spacieuse avec salle de bain personnelle et accès aux autres pièces du logement. Enfin, toutes les pièces sauf une : la chambre noire, qui s’ouvre avec une petite clé légèrement tachée de sang.
Les candidates se pressent à sa porte, alors même que les précédentes colocatrices ont mystérieusement disparu, enfin c’est ce qui se chuchote dans la fille d’attente.
C’est Saturnine qui sera choisie. Une femme de poigne au prénom évocateur, qui n’a pas l’intention de se laisser impressionner : « Je viens du Kazakhstan. Vous savez, les cosaques, les plus farouches guerriers du monde. Nous tuons dès que nous nous ennuyons »
Faites attention : la curiosité est un vilain défaut !
Saturnine tombera-t-elle dans le même piège que les précédentes ou saura-t-elle faire abstraction de sa curiosité et de l’irrésistible attraction que Don Elemirio semble exercer sur les femmes ?
« Amélie Nothomb sonde avec exaltation le thème du franchissement de la porte interdite en le transformant en une quête farouche de la vérité, de l'autre, de soi... son écriture est précise et concise mêlant, dans un style inimitable, une langue sobre digne de l'arte povera, et son pendant riche et florissant, à mesure que s'ouvre le
secret. » nous confie Frédérique Lanzarini, à l’origine de l’adaptation et de la mise en scène.
Nous n’en dirons pas plus sur l’histoire, ce serait vous en ôter la magie ! Car de la magie il n’en manque pas dans cette merveilleuse adaptation du roman d’Amélie Nothomb.
Un spectacle enchanté et enchanteur
Un décor qui brille de mille feux, des plats somptueux qui apparaissent en un claquement de doigt, du champagne illuminé qui coule à flot et de somptueuses robes de conte de fée. Tout y est, et c’est avec notre âme d’enfant que nous avons plongé dans cette pièce (mais évitez tout de même d’y emmener les plus jeunes !).
« Si mon adaptation se veut fidèle, c'est avec une grande liberté que j'ai souhaité aborder l'univers de ce récit, en convoquant le conte d'origine, la magie des fées et les enchantements de Merlin. » Frédérique Lanzarini.
Au-delà des rôles principaux de Don Elemirio (Pierre Forest) et Saturnine (Lola Zidi) deux autres personnages viennent nous enchanter.
Le chauffeur de Barbe-Bleue (Cédric Colas), qui fait aussi office de maître d’hôtel, est un bout en train qui nous régale de ses interventions loufoques.
Et pour terminer le quatuor, l’amie de Saturnine (Helen Ley) apporte elle aussi sa touche aussi fantasque que moderne.
Car les personnages féminins sont dans cette version de Barbe-Bleue bien plus vaillantes que dans le conte d’origine ! Point de Sœur Anne, qui du haut de sa tour ne voit rien que le soleil qui poudroie et l'herbe qui verdoie, dans cette version résolument moderne.
Du mystère, beaucoup de mystère, du suspens, du fantastique et de l’humour aussi. Ne ratez surtout pas ce conte subjuguant et troublant pour les adultes de tous âges !
- « TT – Une des plus piquantes fantaisies théâtrales à l’affiche ! » TELERAMA
- « F. Lazarini s’est accordée la liberté formelle d’oeuvrer dans le registre de l’étrange, du surnaturel et du fantastique, afin de ''mieux parler d’absolu, d’une morale inattendue et d’une toute autre vision du monde.'' » FROGGY'S DELIGHT
Nous laissons le mot de la fin à Amélie NOTHOMB dont nous partageons grandement l’avis :
« Bravo ! Le spectacle est une réussite. »
Infos et réservations
À voir jusqu’au 30 avril à l’Artistic Théâtre - 45 bis, rue Richard Lenoir 75011 Paris
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