La compagnie du Renard Argenté, après « Le cercle de Whitechapel » et « Les voyageurs du crime », présente sa nouvelle comédie policière concoctée dans les règles de l’art. Julien LEFEBVRE clôt ici sa trilogie criminelle victorienne avec « L’Heure des Assassins » à la Comédie de Paris.
Meurtre en coulisses
Angleterre, fin de siècle. Bram Stoker, récemment nommé directeur du Lyceum Theater de Londres, convie ses amis Conan Doyle et George-Bernard Shaw à une soirée de célébration le 31 décembre.
Ils célèbrent le retour de Philip Somerset, revenu du Kenya après avoir investi dans le pétrole. Ce soir c’est la première de Peter Pan.
Alors que la fête bat son plein, sa sœur Katherin – Miss Belegrave – découvre Philip assassiné sur la terrasse. Les portes sont verrouillées de l’intérieur : l’assassin doit forcément être parmi les invités. Doyle, Stoker et Shaw, habituellement pourfendeurs de crimes, se retrouvent à soupçonner l’un des leurs.
Un Cluedo théâtral
L’intrigue est un « whodunit » classique où chaque personnage cache des secrets et des motivations potentielles pour le meurtre.
La pièce soulève des questions sur la nature humaine, la confiance et la trahison, tout en rendant hommage aux grands classiques de la littérature policière.
On se laisse emporter avec délice dans un tourbillon de suppositions, enchaînant une théorie après une autre, passant de la vérité au mensonge, grâce aux indices trompeurs semés pour nous perdre dans ce labyrinthe de faux-semblants, jusqu’à la révélation finale.
« Lorsque vous avez éliminé l’impossible, ce qui reste, si improbable soit-il, est nécessairement la vérité. » Sherlock Holmes – Sir Arthur Conan Doyle
Une équipe aux petites cellules grises affutées
La troupe de Renard Argenté offre une performance éclatante.
Jérôme PAQUATTE endosse le rôle d’un Bram Stoker nerveux, Ludovic LAROCHE se transforme en Arthur Conan Doyle en parodiant son personnage emblématique pour notre plus grand plaisir, et Nicolas SAINT-GEORGES incarne George-Bernard Shaw, un dandy cynique et progressiste.
Ils incarnent, de nouveau, avec justesse leurs personnages littéraires, offrant une alchimie parfaite et maniant l’ironie avec virtuosité. On appréciera particulièrement les allusions et références à Sherlock Holmes dans la manière dont Arthur Conan Doyle conduit son enquête.
Emilie CAZENAVE s’illustre dans le rôle de Miss Belegrave, la sœur du défunt qui se produisait sur scène ce soir-là. Enfin, Ninon LAVALOU incarne l’indispensable et ingénue secrétaire Miss Lime, tandis que Pierre-Arnaud JUIN campe le flegmatique Hartford, le bras droit de Somerset.
Les interactions entre les acteurs sont fluides, rythmées par des dialogues incisifs, accompagnés de répliques percutantes et des moments de tension parfaitement maîtrisés comme il se doit à ce style théâtral.
Un décor So British !
Elie RAPP et Ludovic LAROCHE signent une mise en scène soignée et élégante.
Le décor offre une reconstitution très détaillée d’un salon victorien : tapisserie rouge, boiseries et canapé Empire en son centre, avec vue imprenable sur Big Ben (un clin d’œil irrésistible à Peter Pan, ce soir-là sur la scène du Lyceum Theater). Le public est ainsi transporté dans l’Angleterre de la fin du XIXe siècle, apportant une divine touche d’élégance surannée.
Les costumes conçus par Axel BOURSIER contribuent à renforcer l’authenticité et l’ambiance de la pièce. L’esthétique de la scénographie, signée Sébastien MIZERMONT, contribue à l’ambiance cosy et inquiétante de l’intrigue.
Chaque élément du décor et de la mise en scène est minutieusement orchestré pour servir l’intrigue.
« L’Heure des Assassins » est une pièce délicieusement intrigante et divertissante qui allie avec brio humour, mystère et émotion.
La compagnie du Renard Argenté et Julien LEFEBVRE réussissent une fois de plus à offrir un spectacle mémorable, digne des meilleurs classiques du genre. Ne manquez pas ce rendez-vous théâtral à la Comédie de Paris, puis en tournée.