« GEORGIE BURNS : « Combien de Noëls il te reste, combien de fois tu vas avoir un œuf de Pâques ? Combien de fois tu vas prendre la main de quelqu’un pour la première fois ? Ou embrasser quelqu’un sur les lèvres. »
Tout comme il est impossible de connaître simultanément deux propriétés physiques d'une même particule d’après la théorie de l’incertitude d’Heisenberg, il semble impossible de connaître d’emblée toutes les facettes d’une même personne. Alors que pourrait-il se passer quand deux inconnus qu’à priori rien de rapproche se rencontrent ?
Une scénographie minimaliste
Sur la scène du Théâtre Montparnasse, un décor élégant encadre la rencontre de deux solitudes. Georgie (Laura Smet), américaine délurée de 40 ans et Alex (Jean-Pierre Darroussin), un anglais bourru de 70 ans passés, tombent l’un sur l’autre dans une gare ferroviaire internationale.
Cette rencontre qui semble de prime abord fortuite, va chambouler leurs vies et les révéler l’un à l’autre au fil d’un texte d’une grande sensibilité.
Sur le plateau, quelques éléments suffisent à signifier les différents espaces que traversent les personnages. Un banc et quelques arceaux : une gare.
Une table et deux chaises : un bar.
Un présentoir : une boucherie.
Ce procédé minimaliste sert agréablement l’avancée de la pièce et emporte le public dans un univers à mi-chemin entre réalisme et onirisme.
Un duo improbable campé par des acteurs convaincants
Tout semble opposer nos personnages. Georgie, interprétée par Laura Smet, n'a pas la langue dans sa poche, jure avec entrain et se livre sans pudeur. Alex, joué par Jean-Pierre Darroussin est un homme qui ne s’exprime que par bribes et refuse d’abord de s’ouvrir à l’impertinente américaine. Les acteurs incarnent subtilement leurs partitions et ne tombent jamais dans la caricature.
Ces deux acteurs confirmés à l’écran s’affirment sur les planches avec aisance. Ils nous offrent une touchante interprétation de ce couple dépareillé qui au final forme une union poétique et inattendue. Nous prenons plaisir à nous immiscer doucement dans les intimités brisées de ces deux amants.
« ALEX PRIEST : Les personnalités, ça n’existe pas. Les gens se trompent. Une personnalité ce n’est que la somme des différentes choses qu’on fait. Et le chemin qui les relie entre elles. Ce n’est pas une chose fixe. Ça peut toujours changer. Ça ne veut rien dire. »
Une mise en scène épurée au service de la poésie du texte
La mise en scène de Louis-Do de Lencquesaing, sobre et élégante, met avant tout l’accent sur le jeu des acteurs.
Sans effets superflus, elle fait entendre efficacement le texte de Stephens pour en révéler toute sa poésie. Suspendu aux lèvres des acteurs, le public ne cesse de s’étonner des différentes directions de l’intrigue sans jamais pouvoir en deviner l’issue. C’est aussi là que se révèle l’ingéniosité de l’écriture parfaitement servie par la mise en scène et la direction des acteurs.
Louis-Do de Lencquesaing : « Personne ne peut prédire ce qu’il adviendra de cet étrange couple, de ces deux êtres solitaires d’un grand écart d’âge, qui se rencontrent par hasard et se découvrent l’un l’autre dans une spontanéité bouleversante et désarmante. »
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