Visite guidée du Théâtre de la Porte Saint-Martin

Il faut savoir qu’à l’origine, le théâtre de la Porte Saint-Martin était un opéra, conçu en seulement deux mois, en 1781, par l’architecte Lenoir sur ordre de la reine Marie-Antoinette.

C’est Amélie Chapleau, directrice de la communication, qui nous entraîne dans cette passionnante visite. Premier arrêt, le bar du théâtre, ouvert avant la représentation où l’on peut y grignoter des planches de fromages, charcuteries, terrines… Le tout arrosé d’un bon vin ! Il existe un autre petit bar privatisable mais c’est celui du Foyer, à l’étage qui retient toute notre attention.

C’est un lieu très lumineux et convivial. Les vitraux sont d’origine. Ils ont été restaurés mais remontés à l’envers, ce qui permet de bien lire de l’intérieur les inscriptions et notamment d’admirer les comédiens et comédiennes qui s’y sont illustrés (Sarah Bernhardt, Coquelin, Mounet-Sully…). Depuis 1992, le théâtre est classé monument historique.

Le 27 juillet 1794, l’Opéra de la Porte Saint-Martin ferme hélas ses portes. Il faudra attendre quelques années pour que l’acteur-auteur Dumanant, rachète le lieu et en fasse un théâtre. En 1831, le théâtre de la Porte Saint-Martin devient le lieu par excellence du Drame Romantique. On y applaudit à tout rompre les pièces de Victor Hugo, Alexandre Dumas…

Au quatrième étage, au « Paradis », les bancs en bois sont d’origine et donnent une idée de la façon dont les premiers spectateurs pouvaient apprécier le spectacle « de haut », tout serrés entre eux et faisant fi du sentiment de vertige. « Pour certains spectacles qui se jouent à guichets fermés et parce que la mise en scène ne nécessite pas une parfaite visibilité, nous continuons de vendre ces places, comme pour le spectacle de Fabrice Luchini, par exemple ! »

Comme les théâtres new-yorkais, le théâtre de la Porte Saint-Martin possède des escaliers extérieurs, permettant d’accéder également au toit du théâtre et d’où la vue sur Montmartre est magnifique. « Cet accès est interdit au public car extrêmement dangereux », rappelle notre guide.

La visite se poursuit dans les loges qui sont situées juste à côté de la scène. Au premier étage, il y a quatre loges (deux très grandes, une moyenne et une petite). Michel Bouquet avait choisi une loge de taille moyenne pour se reposer lors des représentations du Tartuffe.

A l’étage du dessus, il existe plein de petites loges en enfilade très modernes, à côté de la lingerie où les habilleuses s’activent en fin d’après-midi. Un doux parfum de lessive envahit le couloir. Au fond de celui-ci, il y a même une loge avec un lit pour y faire la sieste.

Lors de la Commune de Paris, le théâtre de la Porte Saint-Martin est totalement incendié. Il renaît de ses cendres en 1873 et devient le lieu de pièces célèbres telles que Cyrano de Bergerac, Les Misérables, Théodora, Chanteclerc et plus récemment de la comédie musicale Hair avec Julien Clerc ou de la reprise à succès de La Cage aux Folles avec Christian Clavier et Didier Bourdon…

Mais place aux cintres qui forment la partie située au-dessus de la scène, permettant d'escamoter les décors, là où se placent les diverses machines et où disparaît le rideau d'avant-scène quand on le lève au début du spectacle.

Le déploiement du rideau est entièrement manuel. La charpente tout en bois a été intégralement restaurée. L’utilisation des cintres par les techniciens dépend des spectacles et une pièce comme L’Oiseau Vert a par exemple nécessité l’année dernière une quinzaine de personnes.

Côté dimensions, le cadre de salle mesure 11 mètres et de mur à mur avec les coulisses, on compte 22 mètres avec une profondeur de 16,50 mètres et une hauteur sous grill de près de 20 mètres. Les cintres sont composés de plusieurs étages où l’on accède par un escalier en bois.

Sur les murs des graffitis et parfois de vieilles affiches laissés par d’innombrables techniciens forment de précieux souvenirs. Un certain « Fantômas » y aurait même laissé sa signature…

Sur le plateau enfin, sont stockés les décors des spectacles joués en alternance. Le jour de notre visite, les décors du spectacle de Luchini et ceux de Novecento avec André Dussolier se chevauchaient ainsi. « C’est extrêmement rare de voir le plateau vide », souligne Amélie Chapleau. Avec la trentaine de personnes mobilisées pour le prochain spectacle de Joël Pommerat, Ça ira (1) fin de Louis, l’ambiance du plateau en coulisses, s’annonce animée…

« Le théâtre de la Porte Saint-Martin, sous la direction de Jean-Robert Charrier a une politique artistique audacieuse qui alterne les classiques et les créations contemporaines  » souligne notre guide. « Depuis plusieurs années, nous avons créé une passerelle avec le théâtre subventionné. En effet, durant trois mois, à chaque fin de saison nous choisissons de donner à voir des spectacles du théâtre public tels que Cendrillon de Joël Pommerat, ou bien Cyrano de Bergerac dans la mise en scène de Pitoiset avec Philippe Torreton, etc.

Nous proposons également au public malentendant ou malvoyant qui le souhaite un programme détaillé en braille et nous organisons des « visites tactiles » qui permettent de ressentir le décor et les costumes autrement avant de découvrir la pièce.

Pour les cinéphiles enfin, sachez que le Théâtre de la Porte Saint-Martin a maintes fois servi de décor au cinéma mais c’est surtout dans le film d’Edouard Baer, Ouvert la nuit, que l’on reconnaît aisément le théâtre…

Découvrez la programmation du théâtre de la Porte Saint-Martin sur notre site.