Un vivant qui passe
Après Premier Amour (à 3 reprises !) et Cap au Pire de Samuel Beckett, Sami Frey a choisi de faire entendre ici, au travers d’une lecture, la transcription exacte de l’entretien qu’eût Claude Lanzmann en 1979 pendant le tournage de Shoah avec Maurice Rossel, délégué à Berlin du CICR pendant la guerre.
On sait que Theresienstadt, ville forteresse située à soixante kilomètres au nord-est de Prague, avait été élue par les nazis pour être le site de ce que Adolf Eichmann lui-même appelait « un ghetto modèle », un ghetto pour la montre. […]
La vérité est que ce « ghetto modèle » était un lieu de transit, première ou dernière étape, comme on voudra, d’un voyage vers la mort qui a conduit la plupart de ceux qui y ont séjourné vers les chambres à gaz d’Auschwitz, de Sobidor, de Belzec ou de Treblinka. […]
Les conditions réelles d’existence à Thieresienstadt étaient effroyables : la majorité des Juifs, hommes et femmes concentrés là-bas, étaient très âgés et croupissaient de misère, de promiscuité et de malnutrition dans le surpeuplement des casernes de la forteresse. […]
A la tête d’une délégation du CICR (Comité International de la Croix-Rouge), Maurice Rossel inspecta le ghetto en juin 1944, avec l’assentiment des autorités allemandes.
Je remercie Maurice Rossel de m’avoir autorisé à utiliser aujourd’hui l’interview qu’il m’avait accordée en 1979. « Maintenant octogénaire, m’a-t-il écrit, je ne me souviens plus très bien de l’homme que j’étais alors. Je me crois plus sage ou plus fou, et c’est la même chose. Soyez charitable, ne me rendez pas trop ridicule. »
Je n’ai pas cherché à le faire.
Claude Lanzmann
Distribution : Sami FREY
Plan d’accès Théâtre de l'Atelier
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