En 2005, Vladislav Surkov, le très puissant secrétaire de Vladimir Poutine, signe une circulaire dans laquelle il constate que les ennemis de l'État se divisent en deux catégories : les ennemis avec lesquels on peut raisonner et ceux avec qui on ne peut pas, ces derniers sont dits « non-rééducables ». La journaliste russe Anna Politkovskaïa était certainement de ceux-là.
Anna Politkovskaïa est assassinée le 7 octobre 2006 à Moscou, jour de l’anniversaire du chef de l’état Vladimir Poutine. Son corps est découvert dans la cage d’escalier de son immeuble, dans le centre de Moscou, un pistolet et quatre balles sont retrouvés à ses côtés. Anna Politkovskaïa, mère de deux enfants, est la 21e journaliste assassinée en Russie depuis l’élection de Vladimir Poutine en 2000. Le premier procès qui vient de s’achever par un non-lieu n’a pas permis de faire avancer la recherche de la vérité sur l’assassin et les commanditaires du meurtre d’Anna Politkovskaïa.
Femme non-rééducable est un témoignage sur l’itinéraire de cette femme « ordinaire » qui ne cessa de dénoncer les exactions des camps russes et tchétchènes par la description objective des faits et qui le paya de sa vie. Anne Alvaro porte jusqu’au bout l’âpreté du combat d’Anna Politkovskaïa pour la défense des droits humains dans un quotidien où chaque geste est en soi une lutte dont l’issue risque d’être fatale.