« Le retour de Richard 3 par le train de 9h24 » est à l’origine un film imaginé en 2020 par Eric Bu et Gilles Dyrek. Après en avoir constaté la théâtralité à l’écran, le duo décide de le porter sur les planches et d’en faire un spectacle. Pour notre plus grand plaisir !
Un banquet familial digne d’une tragédie shakespearienne
Sur scène, un repas familial champêtre qui semble des plus classiques. Le patriarche préside, entouré de sa femme, sa soeur et de ses enfants. Chacun déclame les yeux mouillés, sa joie de partager ce moment ensemble. De se retrouver après tant de temps. Et pourtant, quelque chose dissonne…
Les discours des différents membres de la famille semblent un peu appuyés. Les âges ne collent pas, ils ne se ressemblent pas et ne sont pas d’accord sur la façon de conduire la situation de cette scène familiale. Bientôt nous comprendrons le fond de l’histoire.
Cette famille qui ripaille joyeusement n’est en réalité, qu’une bande de comédiens embauchés par Pierre-Henri pour jouer sa propre famille. Il est atteint d’une grave maladie. A la veille de sa mort, il veut pouvoir régler ses comptes avec ses proches qu’il aurait perdu dans un grave accident de voiture quelques années auparavant.
« c’est une pièce sur des comédiens en prise avec la réalité d’un homme qui ne joue pas, une situation qui déplace en permanence la frontière si ténue entre jeu et réalité, entre vérité et mensonge. » Gilles Dyrek
Derrière la comédie, la profondeur de la mise en abîme
Au fond, le sujet du texte de Gilles Dyrek, c’est aussi la mise en abîme du théâtre. Sur scène, il y a des acteurs qui jouent des acteurs qui interprètent une famille. Et c’est délicieux à voir. Chaque membre de cette petite troupe constituée le temps d’une semaine, incarne un proche de Pierre-Henri. Ils s’emparent de leurs rôles à bras le corps. Travaillent assidûment. Chacun veut en livrer une expression la plus parfaite possible.
Ce qui nous apparaît à travers la mise en scène d’Eric Bu, et ce qui nous fait mourir de rire, c’est que derrière le personnage c’est bien souvent l’acteur qui s’exprime. L’une cherche d’abord l’émotion, le rire et les larmes (parfois de façon un peu appuyée) ; une autre aime avant tout la qualité d’un texte; un autre dispense à foison ses leçons sur le théâtre ; « Il n’y a pas de petit rôle, il n’y a que de petits comédiens » clame-t-il.
La pièce navigue sans cesse entre l’interprétation du rôle et l’acteur derrière ce rôle. Le public ne cesse de s’amuser en voyant ces acteurs se jeter à bras le corps dans l’interprétation et de l’abandonner quelques répliques plus loin. Toutes les ficelles théâtrales sont montrées et c’est justement ce qui fait le pouvoir comique de cette pièce.
Une scénographie au service du propos
La scénographie sert efficacement le propos de la pièce. En effet, celle-ci ne cesse de montrer ses artifices. Les comédiens changent les décors à vue : un acteur en morphsuit joue un téléphone géant (et se cache maladroitement), et sur la nappe de la table familiale, l’ensemble des couverts sont collés de façon à tomber parfaitement en place. Le public s’amuse à découvrir l’envers du décor.
C’est aussi une façon de le rendre complice de la création. Cela nous ramène à l’essence du théâtre, ce n’est pas parce que c’est pour de faux que la parole s’y exprime avec moins de vérité.
« Des comédiens qui prêchent le faux pour faire dire le vrai... Car la vérité sort de la bouche de ces grands enfants que sont les comédiens. » Gilles Dyrek
- « C’est très drôle ! La mise en scène d’Éric Bu nous a littéralement emballés. On adore ! » L’OEIL D'OLIVIER
- « Plus qu’une comédie loufoque, un mode d’emploi pour se réconcilier avec sa famille. » LE POINT
- « Une interprétation 5 étoiles. Une écriture intelligente et facétieuse. Un vrai coup de cœur ! » CULTURE TOPS
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