Un spectacle audacieux proposant une mise en abîme de l’acteur, une exposition subtile de l’envers du décor, une invitation à la poésie de Rostand et aux envolées lyriques de Cyrano…
La pièce commence simplement dans un espace restreint, confiné, jonché sous les accessoires de cirque et de théâtre, comme un vieux grenier. Un Cyrano dos au public, éclairé seulement par une faible lueur. Et le plateau soudain s’anime, et autour de lui se réveille, s’active. Une Roxane doucement lui donne vie en lui posant son nez et en le remaquillant. Ce premier tableau crée un parallèle avec la relation entre le comédien et son public. Ainsi, l’axe de la « représentation perpétuelle » dans cette pièce va être codifié par une mise en abyme immédiate qui symbolisera la place de Cyrano, et de l’acteur en général, dans notre société actuelle.
Tout ceci introduit le second tableau, qui est un numéro de clown raté sur le texte de la « tirade des nez » : toute la pièce se déroule comme un gigantesque numéro de cirque, qui finira mal. Cyrano se perd de plus en plus dans ce rôle d’amuseur et de clown qu’il s’est donné pour exister : il ne lui restera alors que son amour inconditionnel pour Roxane. Le texte original acquiert alors un regard différent, se concentrant sur l’image d’un Cyrano aussi grandiloquent que fragile qui revit toujours la même histoire, comme un comédien qui serait éternellement condamné à jouer la même pièce.