Camille contre Claudel 

Est-ce d'avoir vécu trop près de mâles veules et jaloux, l'ombrageux et luxurieux Rodin et Paul le camériste, qui empêche Camille Claudel d'affirmer son extraordinaire talent, et la priva de la liberté de créer ? Enfermée dans l'enfer de l'asile à Ville Evrard puis à Montdevergues, condamnée à partager le sort des alliénées. Camille devient folle de l'avoir été décrétée, reléguée dans l'oubli, le froid et la misère, pendant que le monde sa famille et son égoîste amant oubliaient son génie. Pour mettre en lumière "la difficulté d'une femme exceptionnelle, qui paie de sa  santé mentale et de sa liberté l'expression de son authenticité et de son talent à travers l'art et l'amour" Hélène Zidi invente une joute verbale, charnelle et pasionnée entre les deux Camille, qu'elle interprète avec sa fille, Lola Zidi

Engoncée dans son siècle, malmenée par son amour et méprisée par sa famille, il fallait bien que la sculptrice Camille Claudel s'aime un peu pour survivre. C'est ce que raconte en creux Camille contre Claude. Sur scène, Hélène Zidi joue Camille âgée et internée face à sa fille, Lola Zidi, qui est, elle, Camille jeune et libre, artiste amoureuse. Elles se parlent, se consolent, se déchirent au gré des lettres haïssables du pygmalion Rodin en voix off (Gérard Dépardieu). Avec un jeu d'une superve intensité, mère et fille nous entraînent dans la fureur d'une âme esseulée.

Avec cette trajectoire météorique, Hélène Zidi a composé un "duel" où se rencontrent la fougueuse et amoureuse Camille, à l'arrogante jeunesse, et la solitaire, toujours révoltée, et vieillissante pensionnaire de l'asile de Montfavet. La confrontation, sans volonté de diatribe ni d'éloge, met en exergue la volonté de reconnaissance et de légitimité de Camille. Hélène Zidi réussit là une démonstration pertinente de ce que fut le sexisme artistique... Tout en nous rappelant que tous les combats dans ce domaine ne sont pas gagnés.