Pédagogies de l'échec
Au septième étage, dans des bureaux dont il ne reste rien, ni cloisons ni fenêtres, deux individus se plient aux lois de la hiérarchie. Tout autour d’eux est tombé, un tremblement de terre, un virus, une catastrophe ou un conflit mondial, peu importe. Un monde en ruines, et dépeuplé. Mais ils sont là, ils poursuivent, ils continuent le travail, tentent de produire du travail dans le vide et entourés de trous. Ils se soumettent aux rôles professionnels, le pouvoir et l’immunité du supérieur, et la servilité et l’irresponsabilité de la subalterne.
Avec mauvaises fois, rancoeurs, jeux d’humiliations, mises à l’épreuve, jalousies, désirs, aspirations. En bas, on monte des échafaudages, dont le coût de la location a précipité dans la faillite la boîte qui les a loué pour une reconstruction hypothétique. C’est dans cette boîte précisément que travaillent les deux individus, mais à présent désoeuvrés, sans objectif, ni projet, si ce n’est celui de « continuer toujours à travailler ». Pédagogies de l’échec, c’est une comédie féroce de la vanité de l’action et des rôles imposés, de la théâtralité des catégories socio-professionnelles, qui veulent tenir le coup, encore et malgré tout, dans un univers aveugle quant à sa propre érosion, sa pathétique dégringolade.
Distribution : Julian WATRE, Clara DE GASQUET
Mise en scène : Pierre NOTTE
Lumières : Antonio DE CARVALHO
Plan d’accès Théâtre la Manufacture des Abbesses
Comment se rendre au Théâtre la Manufacture des Abbesses
- Abbesses (ligne 12) ou Pigalle (ligne 2 et 12)
Cette satire féroce, au texte compact et dur, est admirablement interprétée par deux jeunes comédiens talentueux qui portent un texte parfois manichéen et une situation angoissante avec talent et réalisme. La confrontation où se mêle jalousies et mépris hiérarchique, stratégies économiques pour mieux anéantir le concurrent, saupoudré de l'immense gaspillage personnel et sociétale, nous tend un miroir pour mieux contempler un immense naufrage où nous nous retrouvons, oh combien !